Tous les jeudis à 18h, et dès demain sur Collateral, Cracker l’époque, le podcast des imaginaires politiques, livrera un épisode de ses passionnants entretiens avec des écrivains, des artistes, des chercheurs en sciences sociales et des intellectuels qui confient, chacune et chacun, la manière dont ils perçoivent politiquement l’époque qui est la nôtre. Instable, violente et sans partage, notre époque semble sans issue tant les réactionnaires s’imposent à mesure que, sidérés, les progressistes refluent. Fort de ce juste bilan, Pauline Hachette, Romain Huët, Aline Crétinoir, Emma Chignara et Luc Magrina ont décidé de fonder Cracker l’époque afin de conjurer cette impuissance en rouvrant les imaginaires politiques en compagnie de leurs invités. Autant dire que, lorsque nous nous sommes rencontrés en octobre dernier, Collateral n’a pas hésité une seconde à être partenaire d’une telle proposition critique : après de formidables podcasts avec Camille de Toledo ou Alice Zeniter, demain Arno Bertina donne de la voix dans le premier épisode qui lui est consacré. Autant de raisons pour que Collateral, partenaire du podcast, s’entretienne avec l’équipe pour mieux en saisir les riches et stimulants enjeux.
Notre première question voudrait s’intéresser à la genèse de votre podcast, profondément riche et neuf, Cracker l’époque. Comment en est née l’idée ou bien plutôt le désir ? Comment avez-vous été conduites et conduit de vous décider à fonder ce qu’il convient de nommer un collectif ? Comment ce dernier s’est-il constitué ? Dans votre vigoureux texte de présentation, vous indiquez qu’un constat s’est imposé à vous sur l’époque même : « Les inquiétudes en tout genre, les élans empêchés, les inerties effarantes et les fabulations déroutantes ruinent les quelques espoirs placés dans le monde. Chaque jour, paraissent de nouvelles alertes sur les catastrophes présentes et à venir. Elles sont écologiques, sanitaires, politiques et sociales. » Comment s’est imposé à vous ce constat ?
Romain Huët : Avec Pauline Hachette, cela fait quelques années que nous travaillons ensemble. Nous avons coordonné des numéros de revue, lancé un cycle de conférences « Turbulences » à destination d’un public plus élargi. Nous avions le sentiment d’arriver au terme de quelque chose. En même temps, nous avions un vif désir de continuer à parler du monde, à participer aux débats d’idées. Et s’il y a bien une conviction que nous partageons, c’est qu’il n’y a rien de plus urgent que de penser, de continuer à penser « malgré tout ». Ça commence peut-être par-là de résister aux sombres temps que nous traversons. C’était un des enseignements d’Hannah Arendt. Penser, mais aussi parler, tenter de dire le monde avec l’assurance qu’on ne parviendra pas à apporter une réponse vraiment ferme face aux urgences que nous traversons. On ne fait pas l’éloge de la tiédeur. On reconnaît simplement la nécessité d’hésiter, de creuser encore l’analyse de notre époque. Il nous semblait aussi que nous ne pouvons simplement nous limiter à un travail de diagnostic et de grandes déplorations sur la situation politique, écologique et sociale. Ça ressemble beaucoup trop à la réplique du vieillard sénile qui se lamente à longueur de journée, mais à la longue, on attend juste qu’il s’épuise, qu’il retourne dans son sinistre chez soi. Sa réplique n’atteint pas le monde. Il y a une urgence à travailler nos imaginaires politiques. C’est périlleux tant le propre du capitalisme est d’empêcher les dehors, les espaces autres où il pourrait s’inventer d’autres façons de vivre, d’autres pensées. L’imagination a été bousillée et c’est un véritable drame. Posons une question simple : quels sont les rêves de notre époque ? Est-ce qu’il y a quelque chose d’un rêve un peu commun, d’une attente concrète d’une amélioration de l’état du monde. Nous craignons que non. Alors il est plus qu’urgent de retrouver de la vie dans la pensée, des étroites ouvertures qui non seulement pourraient un peu abîmer les certitudes de ce vieux monde mais surtout trouver de l’air, des appels d’air pour reprendre confiance au monde. L’idée n’est pas naïve, il est évident que, face à la catastrophe en cours, il faut un peu d’insouciance, « se dire » qu’il est encore possible d’intervenir sur le cours des choses.
Un tel travail commence par tisser des liens, des alliances avec des gens qui nous font penser, qui nous paraissent faire quelque chose de significatif dans le monde. Ils sont des écrivains, des intellectuels, des artistes, des cinéastes. Ils ont des choses à « dire ». Nous nous entretenons avec eux parce qu’ils nous touchent, qu’ils nous font penser. C’est une ouverture sensible et intellectuelle au monde. Nous voulons faire droit à toutes ces rencontres, les partager car nous sommes persuadés que toutes ces personnes disent quelque chose du monde, disent quelque chose qui ne laissera plus le monde dans le même état.
Pour le moment, nous avons plutôt choisi des personnes qui ont déjà une visibilité médiatique. Mais le but pour nous n’est pas là. Il est aussi de faire des rencontres avec des personnes moins visibles mais dont l’art et la pensée bouleversent un peu quelque chose en nous. Ce qui nous importe, c’est qu’il s’agisse d’un propos vivant et qu’il rende le monde un peu moins silencieux.
Il était évident qu’il fallait constituer une équipe. Nous la voulions hétérogène tant du point de vue générationnel que du point de vue des sensibilités intellectuelles et politiques. Emma Chignara était notre étudiante à l’université. Elle est d’ailleurs toujours étudiante en master 2. Nous l’avons tout de suite remarquée tant par ses idées, que par son énergie pour tenir face au monde. Nous n’avons pas hésité à lui proposer. Nous étions absolument convaincus qu’elle nous ouvrirait des espaces qui ne nous sont pas familiers et qu’elle est forte, qu’elle est capable de discuter avec n’importe qui avec une aisance stupéfiante. Il faudra écouter son entretien avec Alain Damasio, c’est une rencontre géniale. J’ai (Romain) rencontré Aline Crétinoir un peu par hasard. Ça a été une rencontre qui m’a marqué. Elle est cinéaste. J’ai vu son court métrage, L’effort commercial. Ce film est tout aussi juste que bouleversant. Elle est venue le présenter à Saulnières, dans un petit village, non loin de Rennes. Il me paraissait évident qu’on avait précisément besoin d’une personne comme ça : quelqu’un qui créé au quotidien, qui a une imagination débordante et qui, sans tapage, nous emmène dans ses mondes pour penser et imaginer avec elle.
Puis, il ne faut pas négliger cet aspect, mais se pose la question matérielle. Luc Magrina, directeur de Radio-Radio et Radio Ter, deux radios associatives, a soutenu immédiatement et sans réserve le projet. Je (Romain) le connaissais depuis longtemps. C’est quelqu’un d’engagé, qui a une vraie vision de l’information et qui s’attache, depuis de nombreuses années, à faire vivre le pluralisme dans l’information. Là encore, c’est une complicité intellectuelle/politique et une amitié. Le propre de cette amitié, c’est qu’elle se traduit dans le faire ensemble pas simplement dans un rapport de pures conversations. Son soutien est primordial. Il nous aide sur les plans matériels, techniques. En somme, il « produit » littéralement le podcast. Cette équipe, ce collectif, je n’en sais rien, il est beau parce qu’il partage des soucis communs, il fait exister des aspirations hétérogènes et il a aussi sa consistance affective. C’est jolie, une aventure comme celle-ci.
Une question évidemment s’impose : comment avez-vous choisi ce nom Cracker l’époque ? Que signifie-t-il, et quelle signification souhaitez-vous d’emblée lui donner ? Son infinitif, à entendre comme un impératif, résonne à nos oreilles comme un formidable programme d’action : est-ce ainsi que vous l’entendiez ? S’agissait-il dès votre nom d’indiquer la ligne éditoriale, celle que pointe votre texte de présentation, et qui consiste à sortir des déplorations : « L’époque ne se résume pas à ces vagues déplorations. Aux côtés du désastre, se présentent des occasions inédites de vitalisation de la pensée. » Est-ce que Cracker l’époque s’offre ainsi comme l’une des occasions de vitaliser la pensée ?
Cracker l’époque : Nous avions longuement hésité. Puis, au fur et à mesure des propositions parfois loufoques, le nom de « Cracker » est sorti. Il y a l’idée de « Hacker » le temps présent. Il est évident qu’on ne cherche pas à accompagner la grande somnolence générale mais que la pensée, précisément, elle perce le monde, elle le rend moins évident et possiblement, elle le craque.
Nous voulions un nom qui évoque les deux mouvements que nous indiquions plus tôt : que les discussions que nous allions mener permettent de mieux déchiffrer le présent, de faire surgir les lignes qui code ce tout parfois illisible. Et en même temps, le verbe « cracker » évoquait l’idée d’ouvrir une brèche, d’agir, avec les moyens propres à un podcast, sur l’époque Nous croyons en cette force d’action propre de la pensée et des mots. Et oui, de ce côté il en va sûrement d’un impératif ou d’une exhortation. Au moins d’un désir sur lequel on espère que nous rejoindrons les auditeurs.
Cracker l’époque indique ce désir vif de faire en sorte que le cours des choses, que les habitudes de pensées soient mises en causes, voire même, prenons-nous à rêver, qu’il se renverse. Nous avons cette conviction que « dire le monde » ça n’est pas simplement le rendre un peu plus appropriable, un peu plus connu. C’est faire autre chose, c’est faire en sorte que ce monde devienne un peu le nôtre, qu’il n’est pas possible de « subir » autant et que l’urgence est de « répondre ». On répond de mille manières différentes. On veut simplement faire exister une réponse par l’intellect, par la façon de rencontrer le monde. On ne doute pas que ça conduit à quelque chose qui est de l’ordre du « faire », d’une réaction par le corps, par des vies qui ne veulent plus supporter davantage. Les deux vont ensemble nécessairement. Si l’un manque, ça dégénère.
Le projet éditorial de Cracker l’époque indique d’emblée deux lignes directrices fortes et fécondes. La première consiste, dites-vous, à nommer l’époque, à trouver dans tous les noms, et au-delà des débats de circonstances, un nom qui permettrait de comprendre de quoi il en retourne exactement, et de quoi l’époque est ainsi faite. Vous dites : « Nommer l’époque vise à ouvrir à des prises pratiques et intellectuelles avec le monde pour résister au confusionnisme et autres fabulations. » En quoi selon vous nommer l’époque consiste à opérer, depuis la littérature, le geste même d’une prise de conscience politique ? En quoi s’agit-il, selon vous, d’un nécessaire acte de résistance comme vous le soulignez au cœur d’une bataille culturelle que l’extrême droite est en passe de gagner largement ?
Cracker l’époque : S’il est une chose difficile, c’est de dire « ce qu’il nous arrive ». Le premier geste à faire, c’est de tenter, de nommer, de démêler. Les mots donnent des prises. Nous avons bien conscience que toutes ces tentatives sont maladroites, mais elles sont nécessaires. Trouver les mots. Quand on ne les trouve pas, c’est qu’on n’arrive pas à penser. Alors, il faut prendre des risques de dire, de nommer, de n’être pas tout à fait certain, mais ça n’est pas grave. Nommer, c’est commencer à déchiffrer, à démêler ce monde franchement opaque. L’époque a besoin de clarté. Pas la clarté de théories qui mettent le monde à la portée par le complot, le mensonge, ou la pure divagation. Trouver des prises sur le monde, le rendre un peu intelligible, compréhensible. Cet exercice, qu’on ne fait plus parce qu’on a appris à ne parler que par détails, par nécessité de ne jamais trop risquer nos paroles, et bien je crois qu’il faut s’autoriser à quelque chose de plus général, d’être capable de désigner des ennemis politiques, de dire les scandales du moment, de faire vivre les indignations que l’on garde beaucoup trop en soi. Il ne suffit pas de de « porter plainte ». Il faut comprendre comment tout cela nous est arrivé. C’est ça le travail que l’on se donne. Essayer de déchiffrer, de casser les murs de l’habituel ou du dogmatisme, et de trouver des prises qui nous laissent penser que « c’est ainsi que vont les choses ».
Il s’agit de donner la parole à celles et ceux qui s’expriment par la fiction, par les arts, par ce qu’on nomme culture, en se donnant le temps de penser ensemble et de dérouler un univers, c’est résister à une pensée toute faite et mortifère qui est à l’œuvre dans tous ces états du monde dont nous ne voulons pas. La littérature, c’est le lieu des nuances et de l’attention, pas celui des injonctions dogmatiques ou des mots d’ordre. C’est un lieu où l’on peut explorer les contradictions et les ambiguïtés de notre situation. Et vouloir des prises de conscience et des changements radicaux passe par cette pensée soucieuse de faire entendre des voix multiples, des destins complexes. C’est dans ces formes aussi que l’on peut prendre au sérieux le sensible, et ce que des états subjectifs disent du monde, ce qui nous importe tout particulièrement.
Il faut oser faire un truc comme ça. Mais notre temps est celui-ci, il faut évidemment oser affronter cette cage d’acier qu’est notre « époque ». Regardez autour de vous comment, dans l’intimité, les impuissances se répandent. Aux impuissances, généralement, coïncident beaucoup d’indignations. Tout cela doit sortir. Faire parole, produire, soutenir, aider la parole à se constituer. C’est urgent. Surtout, ces paroles doivent faire leur droit, c’est-à-dire ne pas laisser le monde indemne.
Oui, une guerre est en cours. C’est très clair. Les forces populistes et fascistes percent. Elles gagnent beaucoup de terrain. Quant aux forces « progressistes », un mot presque désuet, elles peinent. Elles peinent parce qu’elles sont accablées par cette réalité stupéfiante. Alors, il reste une chose, se débrouiller, ne pas renoncer, et oser quelque chose qui serait de l’ordre : sommes-nous capables « d’affirmer ». C’est très bien d’être « anticapitaliste », « antispéciste », « antifasciste ». Mais ça serait quoi par la positive ? Là, c’est un monde qui s’ouvre. Un monde d’hésitations, encore, mais un monde où ça ferait différence avec le sinistre présent.
La deuxième puissante ligne éditoriale de votre podcast s’organise autour de la question des imaginaires politiques qui donne son sous-titre même à votre podcast, en soulignant d’emblée son importance. Partant, il s’agit de faire du podcast le lieu de l’invention d’une utopie puisque, dites-vous, il convient de « dépasser le stade du diagnostic pour explorer les imaginaires politiques, les inventions inspirantes, les expériences qui tentent de faire exister d’autres façons de vivre et d’habiter le monde. » Comment s’élabore concrètement dans le podcast et par le podcast cette expérience d’une utopie contemporaine ? Quelles perspectives ouvrent une telle expérience ?
Cracker l’époque : Dans un entretien, Alain Damasio en appelait à « utopier le monde ». Nous trouvons l’idée juste. Elle est simple. Il ne s’agit pas de trouver un grand truc général, une idée abstraite vers laquelle on doit tendre. Il est plutôt question de trouver des ouvertures là où tout semble fermé. Et c’est assez dingue comment on perçoit qu’il y a une intelligence, une sagesse populaire qui trouve toujours des brèches, qui déjouent, qui tournent en ridicule l’ordre social. C’est de ça dont on doit parler. Il faut continuer à collecter les colères, les injustices et les drames. Il faut aussi se retrouver des puissances. Se retrouver des puissances, c’est voir que partout, il y a de la lucidité. Partout, il y a ce sentiment que rien ne va. Partout, il y a ces façons de déjouer ce qui nous est imposé. C’est le temps de constituer une grande banque. Ça n’est plus la banque des colères de Sloterdijk, c’est la banque des résistances. Pour cela, il faut parler de comment on s’y prend les uns et les autres pour ralentir le monde, pour le rendre moins évident ou tout simplement pour le faire cesser dans sa mécanique mortifère. Sur tous les sujets, il nous semble qu’il se passe ça. Prenez le féminisme. C’est dingue ce qu’il se passe, c’est un basculement historique. Les histoires se côtoient, la parole se produit, les réactionnaires s’agitent. Ce qu’il se passe, c’est que plus personne n’est dupe, plus personne n’est capable d’invalider le diagnostic. Maintenant, l’enjeu, c’est de « faire expérience », d’imaginer l’émancipation en empruntant partout, tous ces arts de faire dans le monde, ces « arts » de se refuser à la soumission. C’est aussi inventer « l’amour », les « pratiques de liberté ». Commençons à les raconter. Où est ce que nous avons la sensation d’exprimer des forces vives ? C’est ça qu’il faut faire exister.
Enfin notre dernière question voudrait porter sur la programmation qui est la vôtre. Comment choisissez-vous vos invité.es ? Quels sont-ils ? Comment la programmation vous donne-t-elle aussi une ligne politique et intellectuelle qui entend conjurer, comme vous le dites encore, « ce présent qui vacille » ?
Cracker l’époque : Nous travaillons comme un collectif et nous sommes également des individus avec des sensibilités, des cultures différentes. Chacun choisit des invités qui lui importe et qui lui paraissent éclairer par son œuvre ou sa recherche nos questionnements.
On choisit les invités parce qu’ils nous ont touchés, d’une façon ou d’une autre. On ne cherche pas une ligne politique établie. Ça n’a pas de sens. On cherche simplement des personnes dont on a la sensation qu’elles font différences avec le présent, qu’elles disent quelque chose qui travaille nos regards. C’est pour ça qu’on s’en va rencontrer des écrivains, des philosophes, des cinéastes, bientôt des musiciens. La vie politique est faite de rencontres et d’idées. C’est ce qui nous anime. Il n’y a rien de plus réjouissant que d’entrer dans les œuvres d’un autre, de patiemment tenter de comprendre ce qu’il a voulu faire. On respire dans ces entretiens parce qu’on a envie « d’écouter » nos interlocuteurs. Il nous tient également à cœur de donner la parole à des gens encore trop souvent invisibilisés - à cause de leurs origines sociales, ethniques, ou bien de leur orientation sexuelle. Nous trouvons important de contribuer à leur mise en lumière radiophonique, et nécessaire de normaliser leurs existences et constructions de pensées, afin de multiplier les possibilités de figures auxquelles s’identifier et de tendre vers plus d’universalité.
C’est ça, nous croyons, notre désir. « Rencontrer » pour que nous ne demeurions pas les mêmes, que quelque chose soit transformé et que surtout ça donne l’idée à beaucoup de personnes de se refuser à l’identique. Le pire reste de s’enfermer dans le « même ». Quand est-ce que nous avons rencontré quelqu’un ?
(Propos recueillis par Johan Faerber)
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