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Photo du rédacteurSylvie Gouttebaron

Valérie Marin La Meslée : "Pourquoi transmettre ? Parce que les humains sont debout"



Valérie Marin La Meslée (c) Sophie Bassouls



Valérie Marin La Meslée est une femme de liens. Ces fameux "liens qui libèrent". 

« Ces liens montrent à l'envi tout le travail qu'elle fait au sens poétique du terme pour rencontrer, transmettre, passer, partager, 

C'est bien pourquoi elle ne pouvait nous échapper. Un lien commun ? Ne cherchez pas : Pierre Dumayet. C'est elle qui a fait naître ce livre incontournable aux éditions Pauvert, et que l'on trouve aujourd'hui en poche : Autobiographie d'un lecteur. 

Voici ses réponses à nos questions. Retenons qu'elle est journaliste, essayiste, autrice. 

Tendance passeuse de beauté tant que faire se peut.

Avec option désinvisibilisation -oh le mot à la mode… mais la chose n’est pas d’aujourd’hui- en allant voir ailleurs du côté des parts manquantes, si possible.



En quoi diriez-vous que votre vie (ou une partie d'icelle) est vouée à la transmission ?


Découvrir, ressentir, s’émouvoir, rencontrer, se révolter, admirer, sont autant de verbes indissociablement liés à un autre : partager.

La chance d’avoir lu, vu, approché, connu, écouté, intégré, compris quelque chose qui compte à mes yeux, et qui peut compter pour autrui, je ne peux la garder pour moi seule. 

Raconter. Faire passer. Une pathologie ?  Peut-être. Je ne la soigne pas. Ou plutôt dans le sens inverse, d’en prendre soin.



Parlez-nous de votre "médium » ?


Le journalisme, presse écrite et radio, de métier.

Les festivals où on « bouffe de la rencontre ».

La conversation, la discussion, par plaisir.

Les livres pour le recul, la profondeur et la durée.Et aussi, les inévitables -mais en matière de transmission, bienvenus et efficaces- réseaux sociaux, non frénétiquement.



Avez-vous une « méthode » ?


A tout bout de rencontre, de lecture enthousiasmante, d’enjeu humain, de fulgurances en matière de création, il s’agit de faire circuler, raconter, passer un livre ou le signaler, que ça vibre, que ça bouge dans les têtes, les cœurs, les corps. 


Mettre de côté, aussitôt, tel livre -ou telle coupure de presse, (dans le vieux genre…)  la photographier et la transférer- bref, tout ce qui peut toucher l’autre auquel il vous fait songer. Déclic. Tilt.


La méthode du post-it  « pour X ». Et ça s’empile.


Prendre ce temps, le juger un peu vain, un peu abusif voire invasif,  mais ne pouvoir s’en empêcher. Retour à la pathologie.

S’apercevoir, ça arrive à un moment…oui, oui, qu’on a déjà beaucoup vécu, et voir s’allumer un jeune regard quand on raconte une histoire d’avant, un moment précieux, un souvenir d’ailleurs, un instant magique ou terrible ou les deux, extraits de ses sucs de vie qui vous ont fait ce que vous êtes et s’entendre poser des questions qui veulent dire peut-être « encore ». 



La transmission est-elle, pour vous, une sorte de création collective ?


Les contes et légendes en blanc et or, 

Ceux qu’on m’a dit écouter sous la tonnelle, ou sur la galerie, et ceux racontés autour de la cheminée.

Le tissu fait de toutes celles et ceux par lesquels l’article ou le livre existera. Sera publié, grandes et petites mains s’activant dans la ruche. 

La chaine du livre.

Les amis des écrivains disparus, les hommages, les rencontres, ces petits cercles autour de ceux qui ne sont plus mais qui restent à lire, cette ferveur, oui.  

Effet de chœur. Inspiration. Conviction. Mission ?

Responsabilité, aussi.

En faire une politique ?Recevoir, donner, recevoir, donner …La leçon du, disait Senghor.



Pourquoi transmettre ?


Parce que les humains sont debout. 

Et que la verticalité ne peut être remplacée entièrement par l’horizontalité des savoirs, tout à portée de main, ici et maintenant surgissant à la demande, sans références, ni hiérarchie, sans histoire ni passé. 


Parce que plus on sait de la mémoire d’autrui, d’un peuple, d’une culture, et lui des vôtres, plus on augmente les chances de bien vivre nos sociétés mêlées. 


Parce que l’expérience ne sert pas aux autres mais la peau du temps, si. 



Avez-vous le sentiment, ou l'impression, à chaque opportunité qui vous est donnée de transmettre, d'observer "l'objet" de la transmission comme une figure neuve, réinventée parce que partagée ?


Oui, c’est tout à fait ça. 

Transmettre/ renaître. 

C’était donc ça ! Merci la MEL, j’ai tout compris : pathologie, que nenni. Bien plutôt thérapie : cure de jouvence perpétuelle.



Que désirez-vous ajouter à ces précédentes questions ? 


"Je ne peux pas imaginer que ce qui m'intéresse vraiment n'intéresse personne d'autre que moi." Pierre Dumayet.

« Chacun de nous a besoin de la mémoire de l’autre, parce qu’il n’y va pas d’une vertu de compassion ni de charité, mais d’une lucidité nouvelle dans un processus de la Relation. Et si nous voulons partager la beauté du monde, si nous voulons être solidaires de ses souffrances, nous devons apprendre à nous souvenir ensemble. » 

Edouard Glissant Une nouvelle région du monde (Gallimard, 2006) : 


A medida que crece, el saber cambia de forma. No hay uniformidad en el verdadero saber. Todos los auténticos saltos se realizan lateralmente, como los saltos del caballo en el ajedrez. Lo que se desarrolla en línea recta y es predecible resulta irrelevante. Lo decisivo es el saber torcido y, sobre todo, lateral."Elías Canetti, El suplicio de las moscas, ix.





Un aperçu du travail de Valérie Marin La Meslée :

- Presse écrite : 

- Radio / Podcast 

- Conférence - la première !  Au Banquet du livre de Lagrasse 2024

- Jurys : dont la présidence du prix littéraire Jacques Lacarrière https://www.cheminsfaisant.org/site/prix-jacques-lacarriere/

et quelques livres pour transmettre :

- l’œuvre singulière et si merveilleusement audacieuse de Béatrix Beck https://www.grasset.fr/livre/confidences-de-gargouille-9782246532316/;

- les capitales culturelles insoupconnées que sont Bamako et Port-au-Prince, http://www.philippe-rey.fr/livre-Chérir_Port_au_Prince-296-1-1-0-1.html

enfin tout dernièrement :

 Le diamant d’Edouard Glissanthttp://www.philippe-rey.fr/livre-

ou comment le paysage de sa maison du Diamant, en Martinique,  rencontre la pensée et l’œuvre du poète, et inversement. Maison labellisée maison d’écrivain et maison des illustres, lieu de résidence d’artistes et d’écrivains autour du fond Edouard Glissanthttp://www.edouardglissantartfund.com/fr/accueil/  Autant de passerelles pour transmettre la vision du monde d’Edouard Glissant. Avec le regard d’Anabell Guerrero pour les  photos.



La 15e édition du Festival "Littérature, enjeux contemporains" de la Maison des écrivains et de la littérature, qui, cette année, a pour thème "Transmettre", s'est tenue les 10, 11 et 12 octobre au Théâtre du Vieux-Colombier (Paris) en partenariat avec Collateral.


Soirée de clôture le 17 octobre 2024 au Cinéma L'Arlequin


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