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  • Photo du rédacteurSiryne Zoughlami

Gilles Aillaud : animal politique


"Gilles Aillaud dans l'oeil du glouton" par Siryne Zoughlami


Pour cette deuxième expertise naïve, Siryne Zoughlami a choisi de planter son chevalet au beau milieu de l’exposition du Centre Pompidou « Gilles Aillaud : animal politique » qui a débuté en octobre dernier et s’achèvera ce 26 février. Cette nouvelle peinture retrace le destin pictural de Gilles Aillaud (1928-2005) depuis l’œil d'un glouton. Véritable Buffon pictural, Aillaud n'a pas omis d'intégrer cet animal hideux et agressif qui, pour l’essentiel, se nourrit de charognes, à son bestiaire croqué au sein de "Encyclopédie de tous les animaux y compris les minéraux"dont de nombreuses planches sont exposées à Pompidou. Ici, c’est un palimpseste de son existence qui est donné à voir : on le voit tout d’abord enfant, en culottes courtes littéralement, alors qu'il avait pour habitude de dessiner avec sa soeur des animaux au Jardin des Plantes, comme en atteste un exemplaire d'un de ses carnets de notes et de dessins visible au cœur de l’exposition de Pompidou. Une vocation picturale d'abord contrariée par son père, Emile Aillaud, architecte de renom, préoccupé par la question du logement social dès 1945 et précurseur de l’architecture urbaine qui se développe à la fin des 70 avec notamment les tours nuages de Nanterre, elles-aussi captées par l'oeil du glouton.

La toile montre aussi bien Aillaud adulte, devenu peintre après avoir échoué à l’oral de Normale, peignant toujours et encore des animaux, pour l'essentiel en cage. Le projet ne finit pas d'interroger : Aillaud est-il un « peintre animalier » ? Que veut-il nous dire en peignant des animaux enfermés ?

On pense alors à cette réflexion d’Aillaud datée de la fin des années 1970 : «  Il y a le sujet apparent et le sujet réel. Mais je ne tiens pas à renvoyer à un discours symbolique, analogique etc, une chaîne d'interprétation sans fin. C'est pourquoi je dis que ces animaux que je peins sont eux-mêmes et rien d'autre qu'eux-mêmes, littéralement le tapir ou l'hippopotame. C'est l'explication que je trouve extraordinaire de Rimbaud à sa mère, qui lui demandait comment il fallait comprendre ce qu'il écrivait ; il a répondu « Littéralement et dans tous les sens » ».


Exposition "Gilles Aillaud : animal politique" au Centre Pompidou, plus de renseignements ici


On écoutera également avec profit cette émission des Après-midis France Culture avec Gilles Aillaud datée de 1978

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