Katarzyna Kotowska est enseignante-chercheuse et directrice de la Chaire des Littératures Romanes à l'Université de Gdańsk. Elle voue une passion indéfectible pour l'art et les lettres. Elle est l'auteure de plusieurs articles sur la littérature contemporaine. En tant que bénéficiaire des Bourses France Excellence du gouvernement français, elle s'engage depuis de nombreuses années à promouvoir la littérature française en Pologne, collaborant notamment avec l'Institut Français en Pologne. Membre de l'Observatoire des écritures contemporaines françaises et francophones, elle est l'initiatrice et l'âme motrice du projet Atelier littéraire.Gdańsk. De plus, elle assume avec dévouement le rôle de directrice et coordinatrice principale du projet Flevolution, à retrouver ici. En 2025, Flevolution aura la joie d'accueillir, après Philippe Claudel en 2024, Brigitte Giraud.
La Maison des écrivains et de la littérature est particulièrement investie dans cette collaboration, venue tout naturellement de la complicité avec Dominique Viart. Les liens et la transmission sont machines productives.
En quoi diriez-vous que votre vie (ou une partie d'icelle) est vouée à la transmission ?
Ma vie est un véritable voyage de transmission, incarné par mon rôle de professeur. En enseignant la langue française, je transmets bien plus que des compétences linguistiques ; je partage une passion profonde pour la littérature, un portail vers des mondes imaginaires et enrichissants. J'œuvre à bâtir un esprit de communauté interculturelle, où chaque étudiant est invité à découvrir et à apprécier la richesse des cultures variées qui nous entourent. La collaboration intergénérationnelle est également centrale dans mon approche pédagogique : c'est un échange mutuel où j'apprends autant des jeunes que je leur enseigne. Leur curiosité vive et leurs perspectives novatrices enrichissent ma propre vision. Ainsi, l'enseignement devient un dialogue constant, un partage où chaque individu, quel que soit son âge, contribue à un patrimoine commun.
Avez-vous une « méthode » ?
Dans le cadre de projets de coopération internationale, mon médium privilégié est l'éducation et le développement communautaire. Je m'applique à construire des ponts entre les cultures, en favorisant le dialogue et la compréhension mutuelle. Ces initiatives permettent de partager savoirs, ressources et compétences. L'objectif est de promouvoir une collaboration où chaque acteur est à la fois enseignant et apprenant, valorisant les forces et perspectives uniques de chacun. Cela se traduit par l'organisation d'échanges culturels, de formations linguistiques et professionnelles, ainsi que par le développement de projets communs.
La transmission est-elle, pour vous, une sorte de création collective ?
Je perçois la transmission comme une véritable création collective. Elle se traduit par un échange dynamique où chaque participant, qu'il soit enseignant ou apprenant, contribue à enrichir et approfondir les connaissances partagées. Dans les domaines de l'éducation ou de la coopération internationale, la transmission va au-delà de la simple diffusion de savoirs ; elle les métamorphose et les adapte grâce aux interactions et aux expériences uniques de chacun.
Chaque individu apporte sa propre compréhension, ses interrogations, ses idées, ce qui enrichit le processus d'apprentissage et le rend bénéfique pour tous. Ainsi, la transmission se transforme en un acte collaboratif, où les connaissances évoluent grâce aux apports individuels, formant une œuvre collective qui dépasse la somme de ses parties.
Pourquoi transmettre ?
Transmettre, c'est tisser un lien essentiel entre les générations et les cultures. Cette pratique permet de préserver et d'enrichir le savoir, les traditions et les valeurs. En partageant nos connaissances, nous assurons la pérennité de notre héritage, tout en ouvrant la voie à l'innovation et au progrès. C'est un acte qui enrichit non seulement la vie des autres, mais qui leur offre également de nouvelles perspectives à travers l'échange d'expériences et d'enseignements. La transmission encourage également le développement personnel et collectif. Elle stimule la curiosité, favorise l'apprentissage continu et promeut l'ouverture d'esprit.
Avez-vous le sentiment, ou l'impression, à chaque opportunité qui vous est donnée de transmettre, d'observer "l'objet" de la transmission comme une figure neuve, réinventée parce que partagée ?
Oui, chaque opportunité de transmettre donne effectivement l'impression de voir l'"objet" de la transmission se transformer en une figure neuve et réinventée. Ce processus dynamique est enrichi par les perspectives uniques et les expériences individuelles de ceux avec qui nous partageons nos connaissances. Lorsqu'une idée ou un savoir est partagé, il est interprété, réinterprété et intégré de différentes manières selon le vécu et la compréhension de chaque personne. Cette réinvention constante permet non seulement d'enrichir le savoir initial, mais aussi de le rendre plus vivant et pertinent. Elle encourage une forme de co-création où la transmission devient une expérience interactive et évolutive. Chaque échange apporte une nouvelle dimension, intégrant des nuances inattendues qui revitalisent et souvent, redéfinissent l'objet transmis.
Que désirez-vous ajouter à ces précédentes questions ?
À ces réflexions sur la transmission, j'aimerais ajouter que ce processus dépasse largement le simple transfert de connaissances; il représente une opportunité précieuse de bâtir des relations et de créer des ponts entre les générations et les cultures. Transmettre s'accompagne d'une responsabilité : celle de préserver la richesse des savoirs tout en restant ouvert à leur nécessaire transformation pour répondre aux défis contemporains. De plus, transmettre exige une certaine humilité, car c'est un échange au cours duquel celui qui transmet apprend également. Cet échange enrichit continuellement notre compréhension et nourrit notre humanité, renforçant notre capacité à innover et à évoluer ensemble.
La 15e édition du Festival "Littérature, enjeux contemporains" de la Maison des écrivains et de la littérature, qui, cette année, a pour thème "Transmettre", se tiendra les 10, 11 et 12 octobre au Théâtre du Vieux-Colombier (Paris) en partenariat avec Collateral.
Entrée libre