L'école des impatiences : festival d'idées & de création contemporaine (Dieppe, 26.07/03.08)
- La rédaction
- 24 juil.
- 6 min de lecture
Collateral, un été de festivals : juste après Avignon 2025 et avant de partir pour le Banquet du livre d'été de Lagrasse, pourquoi ne pas vous laisser tenter par un nouveau festival, le prometteur et riche festival "L'école des impatiences" curaté par Kantuta Quiros & Aliocha Imhoff dont Collateral apprécie vivement le travail de réflexion esthétique et politique ?
Ainsi, du 26 juillet jusqu'au 3 août, se tiendra à Dieppe cette première édition de ce qui se présente comme l'effort conjoint d'un festival d'idées et d'une création contemporaine.
Ainsi, comme les deux directeurices artisiques la présente, L’École des Impatiences est une biennale pluridisciplinaire qui fait la part belle aux débats d’idées, à la pensée contemporaine, aux arts visuels, à la littérature, à la poésie. Elle est une école sans mur ouverte à toustes, basée à Dieppe en Normandie. À partir de différents formats de rencontres (conférences, ateliers, performances), l’enjeu est d’élaborer collectivement le monde qui vient, depuis nos impatiences sociales, écologiques, politiques, accompagné de la pensée des artistes, des chercheu.uses et des écrivaine.s.
Vous aurez la joie et le plaisir de retrouver parmi les invité.es. des noms qui sont familiers aux lectrices et aux lecteurs de Collateral mais aussi une belle liste d'autres qu'il importe de découvrir. Ecoutez plutôt :
Avec la présence des artistes, philosophes, musicinness, auteurices, poètesess, psychanalystes :
Silvia Lippi / Fabrice Bourlez / Florent Gabarron-Garcia / Katia Dansoko Touré / Romain Noel / Julia Ramirez Blanco / Thomas Ferrand / Julie Pellegrin & Loreto Martinez Troncoso / Aurélien Catin / collectif Phoenix Queer / Chuglu / Louise Bentkowski / Diane Chéry / Benjamin Gizard / Julia Ramirez Blanco / Martin Le Chevallier / collectif des ami.e.s de Tal Piterbraut-Merx / Laure Gauthier / Juliet Drouar / Frédéric Rambeau
Et les films de : Nuotama Frances Bodomo, Cauleen Smith, Riar Rizaldi, Alicja Rogalska,
Milena Bonilla, Deborah Stratman, Tabita Rezaire
Cette année, l'édition s'organise notamment autour de la question de l'enfant comme sujet politique. Ecoutez plutôt le bel édito de Kantuta Quiros & Aliocha Imhoff en préambule à la manifestation :
Que voudrait dire considérer les enfants comme des sujets politiques, des citoyen.ne.s à part entière ? Pourrait-on conjuguer nos parentés, nos généalogies, nos fictions de famille au futur ? Comment restituer à la psychanalyse ses puissances d’émancipation, de création, de sororité et de tact ? A quoi pourrait ressembler une éco-pédagogie ? Peut-on écrire une autre histoire de la naissance du capitalisme ? Peut-on conspirer, respirer ensemble ? Telles seront quelques-unes des questions qui agiteront l’édition 2025 de L’école des Impatiences, qui se tiendra en plein air, sur les pelouses du Château de Dieppe, sous une tente d’inspiration bédouine, ainsi que pour une soirée deprojections à Dieppe Scène Nationale.
Alors que la question de la domination des enfants se fraye un chemin nouveau dans les discours publics, peut on envisager les enfants comme une classe dominée ? L’infantisme, une notion théorisée par la philosophe américaine Elisabeth Young Bruel, dans son livre "Childism" , désigne les discriminations systémiques envers les enfants et met en question notre capacité à les considérer comme des sujets de droit à part entière. Des Républiques d’enfants où des communautés largement inspirées de l’éducation nouvelle et de l’autogestion, dans lesquelles les enfants élirent gouvernements et tribunaux aux pédagogies expérimentales qui cherchèrent à imaginer des institutions de prises de décision exercées pr les enfants aux enfants activistes et écologistes du 21 ème siècle , une autre histoire pourrait s’écrire, qui restitue aux enfants leurs puissances d’agir et d’être sujets de droit. Le romancier Juliet Douar imagine dans Cui-cui (2025) une utopie où les enfants auraient le droit de vote, et un pouvoir de décision. Le collectif des ami.es du philosophe Tal Piterbraut-Merx vous proposera d’arpenter, lire collectivement
son livre posthume La domination oubliée qui n o u s e n g a g e à n o u s r e m é m o r e r
collectivement les enfants que nous étions, afin de rompre les silences imposés aux
enfants.
À partir de son récit Constellucination, l’autrice Louise Bentkowski proposera un atelier
d’écriture invitant à réécrire par la généalogie s p é c u lat i ve d i ffé re nte s man i è re s de réinventer nos parentés et nos « fictions de famille ». Tandis que se posent avec acuité aujourd’hui les questions de la santé mentale et du soin, les psychanalystes Silvia Lippi, Fabrice Bourlez, Florent Gabarron- Garcia, à l’occasion d’un autre temps fort du festival,
évoqueront les repolitisations contemporaines de la psychanalyse qui invitent à partir des pensées féministes notamment, à réenvisager une psychanalyse impliquée, une « entreprise thérapeutique vivante ».
L’École des Impatiences 2025 continuera son focus sur les impatiences écologiques et le vaste chantier cosmologique qui l’accompagne désormais. A la croisée entre pensée environnementales, écoféministes et anarchistes, le philosophe Benjamin Gizard reviendra sur de nouvelles manières de raconter les origines du capitalisme, quand Frédéric Rambeau se demandera si la révolte est un archaïsme et comment pouvons-nous nous réapproprier des puissances affirmatives de l’archaïsme. Alors que la peur de l’archaïsme est partout agitée pour disqualifier les résistances auxréformes néo-libérales, les archaïsmes peuvent aussi couver des potentialités émancipatrices. Dans un moment historique où l’avenir est inégalement réparti les futurismes magiques puisent dans les puissances minérales et de la Déesse Nature, Internet et la technologie, les rituels ancestraux et la science-fiction, les mythologies africaines et la magie du cosmos. Ils excavent énergies, esprits et mondes
invisibles et les pensées ensevelies par la modernité pour réécrire de nouveaux récits. Nous nous attacherons à ces cinémas afropoétiques et futurismes magiques en présence de l’autrice et journaliste Katia Dansoko Touré, des cinéastes et artistesN u o tama Fran ce s B o dom o, C a u le e n Smith, Riar Rizaldi, Alicja Rogalska, Milena Bonilla, Deborah Stratman. L’artiste et botaniste Nicolas Ferrand partagera ses recherches sur les plantes sauvages comestibles présentes dans la ville de Dieppe. Faisant face à une histoire de la domestication du vivant et des plantes, Ferrand cuisine les adventices, crée des boissons, et offre des récits de partage. L’artiste Martin Le Chevallier vous propose de réactiver ensemble des gestes de subversion, issus de son Répertoire des subversions qui recense des gestes et tactiques jubilatoires inventées par des artistes et activistes pour déjouer la violence des dominations, en imaginant des formes d’action non-violentes inédites. À la fois fable féministe, dystopie écologique et conte futuriste, la poétesse Laure Gauthier nous proposera une lecture-concert de son livre « mélusine reloaded ». Le collectif Queer Phoenix proposera un plateau radio queer, évoquant les expériences locales dieppoises, quand le poète Romain Noël, à l’occasion d’une lecture et écriture collective, envisagera le queer comme une mystique· Co-auteur d’une proposition de loi sur la continuité de revenus des artistes auteurices et le projet plus lointain de Sécurité sociale de la culture, Aurélien Catin proposera un atelier autour du statut économique des artistes. A partir de leurs recherches sur la danse et l’anarchie, et à l’occasion d’une conférence-
performance-atelier, l’historienne de l’art Julie Pellegrin et l’artiste Loreto Martinez Troncoso nous proposeront de nous relier, de respirer, de conspirer ensemble. L’historienne de l’art Julia Ramirez Blanco reviendra sur la dimension artistique des utopies de révolte.
Venu de la performance, le collectif CHUGLU réalise des happenings, dans l’espace public, des moments où l’art et la vie sont confondus, et vous proposera de participer à ces situations de partage collectifs. Diane Chéry clôturera le festival, avec une performance- déambulation collective entre ciel et mer, qui entremêle danse, peinture et textile. L’Ecole des Impatiences est une école sans murs et sans inscription préalable, ouverte à tous et pour toustes. Avec ce terme d’école, nous entendons nous inscrire dans la longue filiation des écoles inventées par des artistes, lesquelles auront cherché, autant à renouveler les modes de transmission, à proposer des formes de pédagogies alternatives qu’à faire communauté, à developper des réseaux d’amitiés et de solidarité. En outre, nous entendons le terme école comme lieu où les participant.es sont actives, et où des conférences se mêlent à des formes de rencontres inventives et participatives ateliers participatifs (arpentages, conférences- performances, performances-littéraires, plateau radio, etc.). L’École des Impatiences met au coeur de son projet notre impatience contemporaine, celle qui nous demande de faire face aux défis climatiques, sociaux, et culturels. Notre impatience devant l’urgence.