Cracker l'époque : Abel Quentin (épisode 2)

Ce jeudi, dès 18h, retrouvez en partenariat avec Collateral et Radio Radio le second épisode de Cracker l'époque consacré à Abel Quentin.

Ce nouvel épisode du podcast propose une édition spéciale, enregistrée en public depuis l’Institut Pierre Werner à l’occasion de la Journée internationale d’action pour le climat, le 24 octobre prochain. Cette date symbolique invite à interroger nos manières d’habiter le monde, de raconter les bouleversements écologiques et d’imaginer les effondrements à venir.

L’épisode s’articule autour du dernier roman d’Abel Quentin, Cabane, publié en 2024 aux éditions de l’Observatoire. Romancier et avocat, Abel Quentin s’est imposé sur la scène littéraire avec Sœur (2019), puis avec Le Voyant d’Étampes (2022), roman sur la mémoire, la morale et les fractures intellectuelles contemporaines, couronné du Prix de Flore et finaliste du Goncourt. Avec Cabane, il délaisse les polémiques du monde universitaire pour explorer une autre forme de vertige : celui du désastre annoncé.

Le récit s’ouvre à Berkeley, en 1973, au sein du département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs y achèvent un rapport fondé sur les premières modélisations informatiques capables d’anticiper, de manière chiffrée, les conséquences écologiques de la croissance industrielle et démographique. Les calculs du gigantesque ordinateur IBM 360, surnommé « Gros Bébé », sont sans appel : si la trajectoire du monde ne change pas, l’effondrement surviendra au cours du XXIᵉ siècle.

Confrontés à ce constat, les protagonistes s’engagent dans des voies divergentes : Mildred et Eugene Dundee, couple de scientifiques américains, choisissent de militer pour alerter l’opinion ; le Français Paul Quérillot rejoint le secteur privé, acceptant de collaborer avec ceux qu’il devrait combattre ; Johannes Gudsonn, mathématicien norvégien, se retire progressivement, happé par une forme de mystère, de folie ou de refus du monde.

Le roman traverse ainsi un demi-siècle, des années 1970 à nos jours, suivant la trajectoire de ces personnages qui ont pressenti l’effondrement avant qu’il ne devienne l’horizon collectif. Mais Cabane n’est pas seulement une fresque sur la catastrophe : c’est aussi une méditation sur le déni, sur la persistance des sociétés à poursuivre leur course malgré les alertes, à “danser au bord de l’abîme.” Abel Quentin y dresse le portrait d’une humanité lucide mais épuisée, oscillant entre l’espérance et la fuite.

Episode à écouter ici :