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La revue OUF : "L’action artistique ne se substitue pas à l’action politique et à la lutte"

  • Photo du rédacteur: Johan Faerber
    Johan Faerber
  • 8 oct.
  • 3 min de lecture

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A l'occasion du Salon de la Revue dont Collateral est le partenaire, et pour la Quinzaine des Revues, coup de projecteur sur OUF. Toutes majuscules dehors, cette jeune revue propose un premier numéro revigorant et dynamique : entretien.



Comment est née votre revue ? Existe-t-il un collectif d’écrivains à l’origine de votre désir de revue ou s’agit-il d’un désir bien plus individuel ? S’agissait-il pour vous de souscrire à un imaginaire littéraire selon lequel être écrivain, comme pour Olivier dans Les Faux-Monnayeurs de Gide, consiste d’abord à écrire dans une revue ?


OUF est né plusieurs fois, mais sans voir le jour ; ou plutôt, OUF est né en plusieurs fois. Avant le Grand Confinement, il y eut l’idée d’un recueil de nouvelles. Puis ce fut le Grand Sommeil, puis vint l’idée d’une parution régulière, puis celle, qui traverse la plupart de nos projets, d’intégrer de l’image… Puis, retour à la nouvelle, de tout structurer autour de la fiction… Puis d’intégrer de la musique (donc un site internet, des liens…), puis de la poésie, des jeux de mots, des rébus, et même de la danse… Mais de continuer à ce que toutes les contributions soient des fictions… Ah oui, au fait, et de tout rassembler autour d’un thème commun, le même pour tous, mais différent pour chaque numéro. 


Le collectif de départ est composé (le minimum pour un collectif) d’un auteur-musicien-dessinateur et d’un éditeur-graphiste-auteur… accompagnés d’une rédac-chef et d’une correctrice, impitoyables et parfaites. Vient ensuite un deuxième cercle de contributeurs que l’on retrouvera probablement régulièrement. Et enfin des complices occasionnels, selon les thèmes et les opportunités. 

Nous souscrivons à tous les imaginaires artistiques, quelle que soit la discipline, et « écrire dans une revue » en fait partie, mais ce n’est pas un préalable, c’est juste délicieux et stimulant. On pourrait ajouter qu’écrivain, ou artiste en général, n’est pas un état permanent ou un statut, ou une distinction, mais une pratique. On est artiste quand on dessine, écrit, danse, joue…



Quelle vision de la littérature entendez-vous défendre dans vos différents numéros ? Procédez-vous selon une profession de foi établie en amont du premier numéro ? 


La fiction. L’idée de raconter, quel que soit le style ou le genre ou le point de vue… et même quelle que soit la discipline artistique.

La « profession de foi » s’est construite d’elle-même, dans le doute, le travail, l’enthousiasme, les rencontres… Notre premier numéro, OUF #1 Après l’ordinateur, est notre modèle, donc tout sauf préalable, et nous sommes convaincus qu’il va évoluer pour les suivants.

Le prochain thème sera Éloge de la faute et le suivant L’art du complot




Comment décidez-vous de la composition d’un numéro ? Suivez-vous l’actualité littéraire ou s’agit-il au contraire pour vous de défendre une littérature détachée des contingences du marché éditorial ? Pouvez-vous nous présenter un numéro qui vous tient particulièrement à cœur ?


Le thème nous guide, la liberté nous soutient, le travail avec les auteurs nous nourrit… Nous ne suivons pas l’actualité littéraire, mais d’une certaine façon nous en faisons partie, à notre échelle, car les contributions sont des œuvres littéraires ou graphiques, ou musicales. La composition se fait au fur et à mesure par les rencontres et les associations d’idées. C’est empirique, parfois désordonné, mais avons-nous le choix ? Nous ne pratiquons pas l’appel à texte, mais nous sollicitons des auteurs et autrices dont nous apprécions le travail et travaillons ensemble sur leurs projets.

Nous ne pouvons présenter que le premier numéro : quarante contributeurs et contributrices pour de la nouvelle, du dessin, de la chanson, du rébus, du rap, des photos, de la polyphonie vocale, de la musique expérimentale et parfois des circulations entre les disciplines… sur un premier thème : Après l’ordinateur. 240 pages en couleur et un site internet (ouf-revue.fr) : ça swingue ! Ça part dans tous les sens ; un défaut pour certains peut-être, mais pour nous, une immense qualité.


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À la création de sa revue Trafic, Serge Daney affirmait que tout revue consiste à faire revenir, à faire revoir ce qu’on n’aurait peut-être pas aperçu sans elle. Que cherchez-vous à faire revenir dans votre revue qui aurait peut-être été mal vu sans elle ?  


Peut-être l’idée du collectif créatif et déconnant des Papous dans la tête l’émission de France Culture malheureusement disparue… Ou l’esprit des revues américaines de science-fiction des années 60-70… Ou l’esprit du groupe argentin Les luthiers…




Est-ce qu’enfin créer et animer une revue aujourd’hui, dans un contexte économique complexe pour la diffusion, n’est-ce pas finalement affirmer un geste politique ? Une manière de résistance ?


L’action artistique ne se substitue pas à l’action politique et à la lutte. Si notre revue participe, à sa façon, à une forme de résistance et à un mouvement d'émancipation, quel honneur !

Il est vrai qu’aujourd’hui, éditer une revue en papier, en collectif informel avec des artistes de tous poils pourrait déjà se considérer comme un geste politique… Ça donne une idée de la situation...


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