Paraska Tolan-Szkilnik : Pister la dissidence (Maghreb noir. Rabat, Alger et Tunis dans les luttes panafricaines)
- Christiane Chaulet Achour
- il y a 3 jours
- 11 min de lecture

« Comblant le fossé saharien, les travaux politiques et artistiques de la génération Maghreb démontrent que les recherches sur l’Afrique doivent transcender les divisions linguistiques, nationales et raciales. De fait, il s’agit plutôt d’explorer les biais par lesquels les individus ont toujours excédé les catégories restrictives et leur facilité ». (p. 257)
Cet essai, traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Naudy et Grégory Pierrot a pour titre original, Maghreb Noir : the militant-artists of North Africa and the struggle for a Pan-african postcolonial (2023) et est édité par Ròt-Bò-Krik, une maison d’édition, relativement jeune (2021), « indépendante, polyphonique, joyeuse et baroque ». Son objectif est de publier « des livres de forme modeste et de format facile, pas chers, pour mettre en circulation des textes, fictionnels ou non, qui jouent les passeurs entre utopies d’hier et de demain ». Elle entend «reprendre le principe évoqué par son nom : Ròt-Bò-Krik est l’ancien nom du quartier de la Crique à Cayenne, en Guyane, le quartier hors la ville coloniale. (…) À l’image de cette revue de politique et de poésie qui permit de dire une autre Guyane, Ròt-Bò-Krik veut diffuser des mots de tous les continents pour raviver les feux dans notre crique à nous. » L’objet livre est particulièrement réussi.

L’essai s’ouvre par une introduction conséquente d’une vingtaine de pages privilégiant le récit de l’arrivée, au Panaf d’Alger en juillet 1969, de Tahar Ben Jelloun, Abdellatif Laâbi et Abraham Serfaty, les mettant ainsi à l’honneur, privilégiant encore le premier en évoquant son entretien avec Sembène Ousmane qui défend un art militant. Le Festival est financé par l’Etat algérien et l’OUA. Le Président Boumédiène dans son discours d’ouverture souligne que « la culture est une arme dans nos luttes de libération ». Suit immédiatement une appréciation péremptoire sur le FLN qui s’est approprié la lutte du peuple dès 1962. Il est affirmé que le panafricanisme comme idéologie d’état permet de distraire les Algériens des problèmes internes en les tournant vers l’extérieur.
La narratrice souligne que la rencontre entre Tahar Ben Jelloun et Sembène Ousmane s’est faite en dehors des lieux officiels, ce qui sous-entend que les « vraies » discussions ont lieu en marge du festival : le « in » est donc balayé pour faire place au « off ». Paraska Tolan-Szkilnik en déduit qu’il y a deux formes de panafricanisme en concurrence : le panafricanisme d’état et le panafricanisme méfiant par rapport à l’officiel qu’elle nomme le « panafricanisme dissident ». C’est, bien entendu celui-ci qui l’intéresse. Elle se propose, dans cet essai, de raconter le dialogue entre artistes militants de cette génération qu’elle nomme « génération Maghreb » dans trois capitales : Rabat, Alger, Tunis et la manière dont ils ont habité ces espaces.
Etant donné le qualifiant du titre, elle précise les rapports de la race et du panafrianisme au Maghreb et l’actualité de son sujet qui, pourtant, s’intéresse à un demi-siècle antérieur : le Maghreb est au centre des préoccupations européennes sur les migrations car il est un espace de passage des sub-Sahariens. Elle s’intéresse donc aux « Maghrébins noirs ». Son objectif est de reconnecter l’Histoire du Nord de l’Afrique avec son Sud et d’effacer l’étanchéité du Sahara comme frontière. Elle rappelle les noms de quelques Afro-Américains. Le point de vue exprimé dans Chassés de la lumière par James Baldwin est connu ; elle le cite : « En fait, lui [l’Algérien] et ses frères étaient assassinés par mes hôtes [les Français]. Après tout, l’Algérie fait partie de l’Afrique et la France de l’Europe. […] Eux et moi, nous étions pareillement des victimes de cette histoire, et j’appartenais encore à l’Afrique même si l’on m’en avait arraché quatre cents ans auparavant ».
Elle précise alors, avec clarté, son sujet : « Maghreb noir s’intéresse au rôle joué par le Maghreb dans le développement du panafricanisme postcolonial ». Elle se focalise sur ce qu’elle nomme la « Génération Maghreb » qui va définir la « noirité » sur le plan politique, à rebours de « la négritude » qui le faisait sur le plan racial. Notons que la note 19 de cette introduction situe ce terme traduit de « Political blackness » de Stuart Hall dans les années 1970. Petite incise : il est regrettable que les notes soient rejetées en fin d’ouvrage et non en bas de page. Cela aurait permis de distinguer entre des notes bibliographiques qu’on peut regrouper en une bibliographie aisément consultable et des notes complémentaires des analyses et informations du texte principal.
Elle affirme que le panafricanisme concernait alors tous les militants au Maghreb entre 1950-1970, « un militantisme artistique multilingue et multiracial ». Il correspond au tournant des années 1960, à l’ère des indépendances qui s’est très vite manifestée par des régimes autocratiques. Dépassant le réflexe racial, des militants – des noms sont donnés qu’on retrouve dans la suite de l’essai – font jonction lors de manifestations culturelles qu’elle se propose d’analyser. Elle veut rendre visible « un nouveau centre de la pensée noire » : après Londres, Paris, New York, elle s’intéresse à Tunis, Rabat et Alger. Sans alourdir l’appareil bibliographique déjà conséquent dans les notes, on peut signaler l’exposition du Centre Pompidou et son catalogue en mars 2025, Paris noir - 1950-2000 - Circulations artistiques et luttes anticoloniales (plus de 150 artistes africains, africains-américains et caribéens).
Dans son souci de « raconter une histoire captivante », elle s’est appuyée sur des sources primaires (des entretiens, des fonds d’archives pour Jean Sénac, René Depestre ou Ted Joans, des archives d’Etat : elle n’a eu accès qu’aux archives françaises et non à celles des trois pays. ; les sources secondaires, elles, ont été rejetées en note), Dans les cinq chapitres, elle suit un ordre chronologique : Rabat fin des années 1950, Alger, fin des années 1960 et Tunis, début des années 1970.
Un groupe de poètes et d’activistes luso-africains des colonies portugaises font le parcours de Lisbonne à Rabat, via Paris, à la mitan du XXe siècle. Ne pouvant trouver à Lisbonne l’espace favorable à leur prise de conscience, ils se déplacent à Paris. Il s’agit d’Amilcar Cabral, Aquino de Bragança, Marcelino dos Santos, Mario Pino de Andrade et Agostinho Neto, séduits par le mouvement de la négritude. Mais au contact de leurs rencontres – la revue Présence Africaine, les deux congrès à Paris en 1956 et à Rome en 1959 où Mario de Andrade rencontre Frantz Fanon, la victoire du Viet-nam et la guerre d’Algérie – leur combat prend une ligne plus politique que raciale. Rabat devient la « base arrière de leur activisme anti-colonial dans les colonies portugaises » au temps de Mohammed V. Dès son arrivée au pouvoir, Hassan II rectifiera le tir, « nouant une solide amitié avec le leader zaïrois Mobutu Sese Seko » et donnant des gages d’allégeance à la France. Ils comprendront rapidement que Rabat ne peut plus être leur espace et se tourneront vers Alger, le pays étant indépendant depuis juillet 1962.
Toutefois on ne quitte pas tout de suite le Maroc puisqu’un développement est consacré à la revue marocaine Souffles. Mario de Andrade a rencontré des intellectuels marocains et, plus particulièrement, Abdellatif Laâbi. Même si on entre, dans le pays, dans « les années de plomb » – rattachement du Maroc « au camp occidental », mise en place d’un régime autoritaire et répressif, lutte démocratique avec la personnalité de Ben Barka, etc. – deux revues principalement sont créées en mars 1966 : Souffles avec Abdellatif Laâbi, Mostafa Nissaboury et Mohammed Khaïr-Eddine ; et Lamalif avec Zakya Daoud et Mohamed Loghlam. C’est la première qui retient l’attention de l’essayiste qui précise que des travaux conséquents leur ont été consacrés mais qu’aucun ne s’est attardé sur « l’investissement de Souffles dans la pensée africaine et panafricaine ». [Signalons les ouvrages édités au Maroc : en 2007, de Zakya Daoud, Les années Lamalif - 1958-1988. Trente ans de journalisme au Maroc ; et en 2013 de Kenza Sefrioui, La revue Souffles 1966-1973 - Espoirs de révolution culturelle au Maroc, avec un préface d’A. Laâbi].
« La revue accueillit leurs textes [ceux des luso-africains], défendit leur poésie et l’œuvre des penseurs panafricains qui les avaient inspirés. Souffles fut assurément le second refuge marocain de la génération Maghreb et un cœur vibrant de la création d’un panafricanisme dissident ». Ce fut une revue très anti-Senghor, déclarant la négritude « obsolète et infantilisante ». Césaire était ménagé comme un « précurseur auquel se confronter ».
L’adhésion forte est celle aux idées de Fanon. Les Damnés de la terre sont une lecture-phare. Etudiant à Rabat, Laâbi lit pour la première fois Fanon et retrouve sa propre histoire. Les Damnés « [lui] ouvrit les yeux sur [son] propre corps social et sur [sa] mémoire passée et présente, il [lui] fit épeler [son] identité, remua énergiquement [ses] racines et [lui] inocula la fureur d’être, de revendiquer et de refuser ».
Pour les poètes luso-africains, la lecture de Fanon leur indique le retour au continent africain. Pour Souffles aussi, il est temps d’abandonner l’Europe. Les analyses de Fanon nourrissent de nombreux articles et l’essai propose de revenir sur le parcours de l’intellectuel colonisé [à lire dans le chapitre IV des Damnés et conférence donnée par Fanon au Congrès de 1959 à Rome]. Les analyses ont toutefois quelques réserves car les intellectuels marocains pensent le Maroc comme un cas particulier, n’ayant pas subi au même titre que les autres, la colonisation.
Au cours de la parution des différents numéros, le débat glisse vers la langue dans laquelle écrire et progressivement la revue se consacre au monde arabe et à la défense de la cause palestinienne, surtout après la défaite de la guerre des six jours en 1967.
Après le Congrès culturel de La Havane à Cuba en 1968, la poésie comme « cri de ralliement politique » revient ainsi que des contributions sur l’Angola, le Congo, les colonies portugaises. L’amitié de Laâbi et Andrade fait beaucoup dans le maintien de la convergence des luttes.
Nous voilà rendu au point de bifurcation pour les Luso-africains qui quittent Rabat pour Alger. Revenant, comme au début de l’introduction, au Panaf (Festival Culturel panafricain) à Alger fin juillet 1969, elle en présente l’importance mais très vite pour faire des voix discordantes [Hocine Tandaoui, Boussad Ouadi], l’intérêt quasi unique de ce festival [il n’est pas inutile d’étudier de près le document officiel du congrès, La Culture africaine - Le Symposium d’Alger 21 juillet-1er août 1969 - Premier festival culturel panafricain, SNED, car il comprend outre les discours officiels qui ne manquent pas d’intérêt dans leurs contradictions et affirmations, 29 communications d’intellectuels].
Elle se propose d’étudier le Panaf off de ce festival. Elle ne s’intéresse pas au « strass » ni au « glamour » du festival…, mais aux événements hors contrôle de l’Etat algérien. dont elle affirme que « l’organisateur » a été Jean Sénac. Pour son développement, elle s’appuie sur les archives Sénac (Marseille et Alger) : « Jean Sénac fit des soirées chez lui, enregistra des entretiens pour son émission de radio Poésie sur tous les fronts et organisa des lectures de poésie publiques en dehors du programme officiel ». On connaît, par le travail très précis d’Hamid Nacer-Khodja, la raison pour laquelle J. Sénac ne fut pas invité au festival dont le principal organisateur était Malek Haddad, « son irréductible adversaire », écrivain et Directeur de la Culture au Ministère de l’Education [Cf. Jean Sénac, Pour une terre possible - Poèmes et autres textes inédits, Hamid Nacer-Khodja et Marie Virolle, 1999].

Mario de Andrade et René Depestre rencontrèrent Sénac. C’est à l’occasion du Panaf que Amilcar Cabral a utilisé l’expression « Alger, la Mecque des révolutionnaires » et s’en est expliqué : « les musulmans vont en pèlerinage à la Mecque, les chrétiens au Vatican et le mouvements de libération à Alger ». L’essayiste s’attarde sur l’émission de radio de Sénac, Poésie sur tous les fronts, et affirme que c’était « une affaire résolument africaine ». Pour elle Sénac est « un géant de la scène littéraire et politique algérienne », « une figure centrale de la scène littéraire algérienne ».
Elle défend son apport par rapport au Panaf in qui fut, affirme-t-elle, essentiellement une manifestation organisée pour légitimer Boumédiène après sa venue au pouvoir par le coup d’Etat du 19 juin 1965.
Dans la logique de la binarité un peu rapide entre l’officiel et le dissident, elle conclue : « Le destin de ces poètes démontre combien ils incarnèrent une vraie menace pour leurs Etats-nations. Durant la décennie qui suivit le Panaf, Sénac et Cabral furent assassinés ; Depestre fut expulsé de Cuba pour avoir critiqué l’autoritarisme de Castro et Andrade fut ostracisé par le nouvel Etat angolais. La plupart de ceux qui survécurent finirent par s’installer à Paris. Après Rabat, Alger perdit à son tour son statut de Mecque des révolutionnaires. Le Panaf devint le symbole de l’apogée d’Alger comme capitale panafricaine et tiers-mondiste ». On remarque que ce listing évite de parler de l’implacable répression d’Hassan II contre les intellectuels marocains et, en particulier, ceux de la revue Souffles.
Restant au Panaf et dans ces années algéroises, sous le titre d’« escapades au Panaf », elle exploite une partie de ce qu’elle a engrangé au cours de ses entretiens avec celles et ceux qui ont assisté au Festival (en in ou en off). Je crois qu’il serait plus exact de parler d’anecdotes qui tournent essentiellement autour du « conservatisme » algérien en matière de « mœurs », en matière de « femmes » et de « sexualité ». Avec deux témoins, assez performants dans le domaine, René Depestre et Ted Joans, elle donne plusieurs histoires des heurs et malheurs de leurs rencontres avec les corps des Algériennes. Auparavant ce sont les appréciations des femmes des Black Panthers du fait du racisme des Algériens. Pour mieux comprendre ces déboires, durs à vivre et regrettables, il aurait été utile qu’ils.elles lisent Sociologie d’une révolution de Frantz Fanon et le chapitre « L’Algérie se dévoile » pour se familiariser avec une autre culture. Ils.elles ont atterri en Algérie comme un cheveu sur la soupe.

La note 3 du chapitre 4 s’attarde un peu sur le témoignage d’Elaine Mokhtefi (mais il est vrai, c’est une source secondaire) dans son ouvrage de 2019, Alger, capitale de la révolution : de Fanon aux Black Panthers, explicite sur le fossé entre ce groupe et leurs hôtes. On lit dans l’enquête journalistique de Catherine Simon, publiée en 2009, Algérie, Les années pieds-rouges, une allusion furtive à Elaine Mokhtefi, à propos de l’installation des Black Panthers à Alger : « Malgré la froideur des relations entre Alger et La Havane, le régime du colonel Boumédiène comprend l’intérêt de recevoir le fugitif [il s’agit d’Eldridge Cleaver]. Grâce à l’entremise d’une influente Américaine, Elaine Klein, ancienne amie de Frantz Fanon installée à Alger depuis l’indépendance, des invitations sont lancées pour que soit reçue en grande pompe une délégation entière des Black Panthers. […] Les Black Panthers tombent à point : Alger s’apprête à accueillir le 21 juillet, sous la bannière de l’OUA, le premier Festival culturel panafricain. Quel symbole pour les peuples du tiers monde […] ».

Le dernier parcours est consacré à la Tunisie et à son désir de supplanter le Maroc et l’Algérie dans leur aura panafricaine. Ici aussi cela se fait par une rencontre : celle de Sembène Ousmane et de Tahar Cheriaa au festival de Cannes en 1966. Cheriaa qui organisait la première édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) en octobre 1966 y invita le cinéaste sénégalais : « L’histoire de leur amitié est un élément crucial du mythe fondateur du film africain ». L’essai revisite « le panafricanisme tunisien oublié » en repassant par l’ambiguïté de l’accord de Bourguiba pour ce festival.
« La révolte de la génération Maghreb contre l’impérialisme et le néocolonialisme se revitalisa quand les artistes militants ajoutèrent le cinéma à leur arsenal, partageant caméras et cadreurs, transportant des bobines à travers le continent pour projeter leurs films dans les cinémathèques et les places de villages. Ils réussirent à créer toute une culture cinématographique dans des pays sans industrie du film ». Suivent des exemples précis comme celui de Mario de Andrade et sa compagne Sarah Maldoror, Med Hondo et Sembène Ousmane. Ce dernier chapitre esquisse toute une histoire des JCC et des films qui ont été proposés : « il fallait chercher la beauté au cœur du combat et dans les cris du peuple ».
Au terme de cet essai qui fait un retour sur des intellectuels, des faits, des créations d’il y a plus de cinquante ans et qui, pour certains et certaines, m’ont marquée, on a le désir de lire d’autres études encore qui ont éclairé ou éclaireront ces périodes, ces rêves et ces réalisations. Dans le travail de Paraska Tolan-Szkilnik, deux choses me frappent : la force de l’amitié et l’obstination à créer du collectif.
La force de l’amitié qui a donné la marque panafricaine relevée : Abdellatif Laâbi et Mario de Andrade, Sembène Ousmane et Tahar Cheriaa. Pour Sénac, pas vraiment d’alter ego mais… poésie sur tous les fronts !


L’obstination à créer du collectif : la revue Souffles, en marge de l’officiel, butiner dans le off du panaf pour créer des liens et des complicités, tenir une émission de radio sur plusieurs années, inventer les JCC à Carthage. Des disparitions qui laissent une mémoire active et des réalisations qui peuvent s’adapter à aujourd’hui.
Une telle recherche doit inciter à aller vers ce passé récent pour en faire connaître les pépites et offrir un patri-matrimoine (encore qu’il n’y ait pas beaucoup de femmes en dehors de Sarah Maldoror !) à des projets d’aujourd’hui.


Paraska Tolan-Szkilnik, Maghreb noir - Rabat, Alger et Tunis dans les luttes panafricaines, traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Naudy et Grégory Pierrot, Paris, Rot.Bo.Krik éditions, octobre 2025, 325 pages, 17 euros