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Stéphanie Garzanti : “Écrire c’est aussi construire un espace qui accompagne” (Poèmes Karaoké)

  • Photo du rédacteur: Johan Faerber
    Johan Faerber
  • il y a 54 minutes
  • 12 min de lecture

Stépphanie Garzanti (c) DR
Stépphanie Garzanti (c) DR


Magnétique, ludique, mélancolique : trois mots pour dire Poèmes Karaoké de Stéphanie Garzanti qui vient de paraître chez Cambourakis. Après Petite nature, l’autrice revient par poèmes qui disent en creux combien le monde est si difficile à habiter quand la femme aimée n’est pas toujours avec soi. Poésie sensuelle, poésie qui sonde le corps lesbien, poésie qui explore une sensualité jusqu’au mystère et l’éngime, Poèmes Karaoké est une très grande réussite que Collateral ne pouvait manquer de célébrer avec son autrice le temps d’un entretien, sans playback, mais en karaoké. 




Ma première question voudrait porter sur la genèse de votre très beau recueil, Poèmes Karaoké qui vient de paraître chez Cambourakis. Comment et dans quelles circonstances ont été écrits ces poèmes organisés en six sections, qui entendent “s’extraire / se mettre à l’air / se libérer / délibérer / nous réunir” ? Dans sa préface, Elitza Gueorguieva évoque des séances d’ateliers d’écriture que vous partagiez : est-ce que vos poèmes sont notamment nés de cette expérience d’écriture ? Enfin, pouvez-vous nous éclairer sur ce fort titre de Poèmes Karaoké : vous citez au moins à deux reprises Mylène Farmer dès l’épigraphe avec “Tout est chaos” ou encore avec un autre titre, “Fuck Them All”. S’agit-il ainsi de trouver une forme populaire du poème à chanter en chœur comme le karaoké à l’instar du poème éponyme qui ouvre la section Deux : “on a chanté comme devant cent mille personnes / sauf qu’on était / douze” ? 


Ces poèmes ont été écrits entre 2018 et 2023, certains en parallèle d’une partie des textes qui composent Petite nature (Cambourakis 2023), mon livre précédent. Quelques-uns émanent des nombreux ateliers d’écriture auxquels je participe depuis 2018 (How to supPRESS university writing organisé par Émilie Notéris, #100joursdecriture sur Instagram initiés en France par Adèle Cassigneul et Lou Dimay, Écrire avec des moufles avec Elena Leseps Munoz au Centre d’art et de recherches Bétonsalon, sans oublier les désormais incontournables ateliers d’écriture en ligne de Laura Vazquez.). Cette pratique m’a d’abord permis de trouver comment me mettre à écrire, maintenant je continue à les fréquenter par goût des sessions collectives d’écriture et des échanges féconds qu’elles impliquent. Elitza Gueorguieva m’a proposé il y a un an de rejoindre un petit groupe d’écriture sur ces modèles d’atelier, c’est comme ça qu’on s’est davantage rencontré et c’est ce qui m’a amené à lui demander d’écrire la préface de poèmes karaoké, mais le recueil était déjà écrit, j’ai travaillé sur d’autres projets, plus romanesques, pendant cette dernière année.


Concernant le nom du livre, en effet, le mot karaoké est le titre d’un des poèmes, mais il n’était pas dans le titre du recueil au départ. L’ensemble a changé plusieurs fois de titre au cours de son élaboration. Pendant un bon moment le fichier dans mon ordinateur indiquait poèmes organoleptiques. Une fois la proposition terminée, structurée, travaillée, relue, au moment de le faire parvenir à mon éditrice, Isabelle Cambourakis, j’ai mis du temps avant de lui envoyer, je réfléchissais à comment lui adresser ce projet, avec quels mots (elle savait que j’écrivais de la poésie mais je ne lui avais jamais rien montré) et cette « explication » est arrivée : soixante-et-un poèmes écrits faux comme on peut chanter faux au karaoké, en y mettant du coeur, avec envies, passion, sincérité et ferveur tout en se foutant complètement de la justesse ! Et bim, j’ai changé le titre, j’ai gardé le mot poèmes qui composait le titre dans chacune de ses versions (comme les Poèmes déjeuner de Franck O’Hara) et je lui ai associé karaoké, ce si beau mot, à la sonorité si particulière. Tout m’est devenu cohérent. Le télescopage des deux termes me plait pour ce qu’il ouvre de curiosité et pour la fertilité des sens qu’on peut attribuer à leur rencontre. Karaoké désacralise aussi poèmes qui est un mot très beau aussi mais qui demeure « chargé ». Et puis, ça marche bien également avec les références musicales plus ou moins explicites présentes dans l’épigraphe et les poèmes comme vous l’avez bien noté. 




Pour en venir au coeur même de Poèmes Karaoké, votre recueil se concentre sur la relation amoureuse que vous nouez d’un poème l’autre, même si “amour n’a pas de synonyme satisfaisant / c’est bien dommage”. Ces poèmes de la relation amoureuse prennent un double visage : ils donnent d’abord lieu dans la relation amoureuse à l’expression d’une rare sensualité à l’adresse de la femme qui partage votre existence. La poésie se fait expressément sensuelle en se concentrant sur un sens : le sens olfactif. Poèmes Karaoké se donne comme une poésie de l’odeur, du fumet, des senteurs : la déclinaison super sensuelle d’une poésie olfactive liée à la relation amoureuse : “Je voudrai que mon âme sente bon”, écrivez-vous ou encore : “ça menthe fort”. Que vous permet cette poésie olfactive pour dessiner la relation affective ? 


La première organisation des poèmes s’est structurée en cinq parties relatives au cinq sens. Certains textes comportaient des expressions de plusieurs sens et pouvaient ainsi passer d’une partie à l’autre. On dit que l’odorat est le sens dont on a la meilleure mémoire (même si en littérature, c’est  le goût qui a supplanté tous les autres sens en termes de réactivation du souvenir, à cause de la fameuse madeleine de Proust). Vous remarquez que le sens olfactif est le plus prégnant dans le livre. C’est, il me semble le sens « le plus animal » en nous, celui qui nous rapproche des autres espèces. Il est possible aussi, d’un point de vue très personnel, que ce sens soit davantage développé chez moi peut-être pour compenser mon ouïe dégradée. J’ai également souffert d’anosmie à plusieurs reprises lors de maladies telles que le covid et la grippe, et j’ai à l’inverse une tendance générale à l’hyperosmie.  Je suis donc très sensible aux odeurs. Vous dites cette poésie olfactive pour dessiner la relation affective, je remarque que sentir est proche de ressentir. La partie trois du texte travaille l’odorat avec les odeurs de café, de celle que j’aime, celle des âmes. On peut ajouter à cela l’odeur que peut évoquer chaque fleur nommée, elles sont nombreuses. Comme énoncé plus haut, les parties ne sont pas franchement séparées et restent poreuses entres-elles, les odeurs débordent dans tout le recueil. Je ne me suis pas dit que j’allais travailler à partir, sur, avec les cinq sens, mais c’est ce qui est ressorti de ces poèmes d’amour. Je pense que l’évocation des sens met les mots dans le concret, désintellectualise le texte, rend sensuelle (le mot est de mon éditrice et apparaît sur la quatrième de couverture du livre) la phrase. Plusieurs poèmes traitent de la question du manque. Le sentiment amoureux, on continu à le ressentir quand l’autre n’est pas là, c’est tout ce qui est de l’ordre des sens qu’on perd, c’est pour cette raison qu’on regarde des photos de l’être aimé, qu’on écoute des chansons évocatrices, qu’on cherche son odeur dans les draps, qu’on cuisine les plats qu’on a partagé… Les poèmes par l’exploration des sens tentent de rendre de nouveau réel la présence de l’absente.

 



Le second pan de cette relation amoureuse par le poème s’organise autour d’une poétique du blason. Le corps s’installe au coeur du poème sous une forme blasonnée, notamment les seins : “mes seins s’ennuient mes seins s’ennuient de toi / mes seins s’ennuient de tes mains / mes seins s’ennuient de ta bouche”. Ce blasonnement s’écrit toujours en liaison avec la recherche de la beauté, sa place contemporaine dans le monde : “quelle chance de voir ta beauté”. En quoi ce blasonnement peut-il s’entendre comme un geste politique : celui de la revendication de l’érotisme lesbien : d’un intime qui se fait politique ? Est-ce ainsi que vous l’avez conçu, vous qui avez déjà travaillé sur l’oeuvre de Monique Wittig et qui citez en ouverture de Poèmes Karaoké Renée Vivien : “Ô chère ! Je t’adore avec simplicité ” ?  


Ces poèmes peuvent s’inscrire en effet dans une tradition poétique lesbienne qui est traversée par l’amour, la passion, le corps, le sexe qui schématiquement irait de Sappho à des auteurices ultra contemporain·e·s comme les membres de RER Q que je citais déjà dans Petite nature ou les différentes formes poétiques de Miel Pagès par exemple en passant par une team du début du XXe siècle avec Natalie Barney, Liane de Pougy, Renée Vivien… et bien sûr l’incontournable livre de Monique Wittig Le corps lesbien. Je n’ai pas fait d’études de Lettres et je ne suis pas spécialiste de littérature lesbienne mais en tant que lesbienne j’ai lu avidement cette littérature, et comme beaucoup de personnes je l’ai relu parce que nous n’avons pas un corpus de références si étendu. La lecture des ouvrages de Monique Wittig quand j’étais jeune a forcément déterminé celle que je suis aujourd’hui, d’abord en tant que personne mais probablement en tant qu’autrice aussi même si concrètement je n’écrivais pas encore au moment où je l’ai lu. Dans Le corps lesbien, le morcellement du corps et la manière dont chaque partie s’écrit sur la page relève pour moi d’une radicalité inégalée. Elle fait du corps un ensemble d’éléments organiques qui se déploient dans la totalité du texte qui devient tellement fort qu’il nous absorbe mentalement, physiquement et toute entière dans le texte. Je trouve que c’est politique à de multiples niveaux mais notamment grâce à l'anonymat, on ne sait pas de qui il s’agit, et la force du texte nous englobe touX. Dans poèmes karaoké c’est différent, mon nom est écrit en gros caractères sur la couverture, le livre est adressé à une personne particulière dont le nom apparaît dès la page 13. C’est peut-être davantage dans la publication que dans l’écriture que le texte intime devient politique. C’est aussi là que se situe le « risque », parier qu’une histoire si personnelle résonnera pour d’autres.

Pour faire se rassembler ce double visage que vous pointez dans vos réflexions, je peux dire que le recueil met en jeu une poésie des sens et du corps. Que pour exprimer l’amour, le désir et le manque il passe parfois par un morcellement parce que les mots ne sont aussi que des petits bouts du souvenir ou du présent, qu’ils soient réels ou non. 

 

 


Vos Poèmes karaoké forment ainsi une poésie de l’adresse essentiellement centrée sur le “tu” au point qu’on pourrait peut-être évoquer à son endroit une poésie conative, qui place le soin et le souci de l’autre en son centre : “seize minutes sans toi déjà / dix-sept minutes sans toi déjà / dix-huit minutes sans toi déjà”. En quoi vous importait-il ici d’écrire une poésie conative où “c’est finalement / toujours toi / que j’attends” ? En quoi cette rhétorique de l’adresse et de l’apostrophe dessine ce que vous désignez comme le vivant du poème, “une nouvelle vie” dites-vous encore ? 


Déjà Petite nature apparaissait pour certain·e·s de lecteurices malgré ses détours autofictionnels, théoriques, romanesques… comme un texte qui pouvait s’entendre dans son ensemble comme une grande déclaration d’amour. On me l’a dit plusieurs fois. poèmes karaoké va sans doute plus loin dans ce sens puisque le recueil n’est pas seulement adressé, mais pire encore : la personne qui partage mon existence est présente partout et en tout, allons-y carrément, à la fois commanditaire, dédicataire, destinataire, muse ! Sans dévoiler totalement la fin, le dernier poème dit parce qu’on écrit par amour et encore parce qu’on se dit la poésie / c’est ce qui écrit l’amour. Le texte est aussi l’espace de la fiction. Le lieu où tout peut advenir, l’endroit des déclarations, des énonciations  qui cherchent l’unisson toujours, qui n’y parvient pas toujours, qui essaie toujours.

 

 


Ce qui ne manque également pas de frapper dans Poèmes Karaoké, c’est l’omniprésence des plantes, et plus particulièrement des fleurs. En écho à la poésie olfactive, la flore envahit littéralement le texte : “d’abord un hortensia gros comme un cabanon / une fougère ancestrale / un iris vraiment haut pour son âge / des marguerites bien groupées / une rose rouge prête à éclore”. Une fusion semble s’opérer entre le souci écopoétique et le féminisme qui traverse de part en part votre texte à l’instar du très beau néologisme qui est le vôtre : Cyclawomen, cyclamen et women. Diriez-vous que votre poésie se fait écopoétique et s’offre comme celle d’une cyclawoman ? 


En effet, les fleurs sont présentes dans le recueil, les autres espèces animales aussi, chiens, chats, crapaud, araignée, musaraigne, rats (même si je demande où ils sont !)… et aussi des oiseaux, des arbres, une oie, un ru, des montagnes… Petit à petit un paysage modeste se dessine dans mes textes. C’est ce qu’avait noté Pierre Niedergang à propos de Petite nature déjà, il ne s’agit pas de la wilderness, de la nature sauvage (…), mais bien plutôt une natureculture urbanisée. C’est ce que j’appelle la nature de jardin, une nature domestiquée et familière, l’inverse des grands espaces. Je porte une attention de l’instant à ce qui m’entoure, mes textes s’en font l’écho. J'essaie d’avoir conscience des autres vivants avec lesquels je coexiste et oui je parle aux jacinthes, aux écureuils… Je ne suis pas certaine que ma poésie se construise complètement avec une intention écopoétique, féministe, politique… C’est toujours difficile je trouve de démêler ce qui relève de l’intention et  ce qui ressort malgré soi parce qu’on a des engagements ancrés. Mon geste d’écriture est bien souvent plus spontané en réalité et reflète assez fidèlement et simplement une partie de ce que je vis ! Si on pense à des livres comme La montagne vivante de Nan Shepherd ou Le pèlerin de John Alec Baker, c’est autant la montagne et l’oiseau que le rapport de quotidienneté, d’habitude, de familiarité que les auteurices construisent avec leur milieu, l’attention au détail de l’expérience de leur vie et comment cela se rejoue dans le texte qui m’intéressent. Le fait est que Shepherd vivait près des Cairngorms et Baker proche de l’estuaire de la Tamise. Mon quotidien à moi se déroule essentiellement en ville dans les moments de sociabilisation, ma solitude entre mon petit bout de jardin et les allées du Bois de Vincennes. 

Cela dit votre question réactive l’envie que j’ai depuis quelques années de me plonger davantage dans la création littéraire écopoétique, plusieurs personnes de mon entourage ont suivi ou suivent le Master proposé par l’université d’Aix-Marseille…




Une autre question traverse également vos Poèmes karaoké : celle du comment habiter le monde, question déjà posée par Hölderlin et qui, dans le contemporain, prend à l’évidence une autre forme. La question de l’espace se fait double chez vous : elle concerne tout d’abord la possibilité de vivre à deux, de trouver le toit pour héberger la passion. L’espace est l’habiter intime : “t’as de la distance devant toi / t’as de l’espace devant toi / mais t’as plus trop de temps devant toi”. Le second rapport à l’espace n’est plus celui du partage de l’intimité mais la résistance à l’effondrement du monde : le modèle de la cabane comme survie est battu en brèche. Vous écrivez ainsi : “ça me plaisait assez / la philosophie de la cabane / et tout ce qui va avec / mais / j’ai réfléchi un moment // et alors moi ce que je préfère / en fait / c’est le château” Comment l’espace est-il devenu vital comme espace politique dans vos poèmes ? 


Ce sont des questions parallèles avec des échelles différentes, comment habiter le monde ? Vivre à deux, se réunir, mais aussi comment habiter ce monde et comment chacun·e·s peut y trouver sa place ? Comment nos existences construisent, bâtissent, s’abritent. Avec la personne qui partage mon existence, nous ne vivons pas ensemble, ni dans la même habitation, ni dans le même pays, séparées par une mer, contraintes par le Brexit… c’est une forme de relation marginale. Et aussi, nous ne sommes plus jeunes, je l'écris page 53 on n’a plus le temps. La question de trouver, de construire l’espace dans lequel nous prendrons soin l’une de l’autre se pose pour le présent et l’avenir. on n’a plus le temps, c'est aussi l’urgence pour tous les vivants sur terre, humains et non-humains. Le poème peut dire des réalités très concrètes. Le livre est aussi un espace à construire et à habiter, cette phrase apparaît dans le poème la maison pose, commencer un livre comme on construit une maison. Écrire c’est aussi construire un espace qui accompagne. Et c’est peut-être anticiper votre question suivante, mais chaque poème porte une attention particulière aux mots qui le composent tout en permettant à la phrase de rester ouverte à l’interprétation. 

 



Dès sa préface, Elitza Gueorguieva souligne l’irréductible part d’énigme qui trame l’ensemble de vos poèmes. Vous évoquez vous-même cette énigme dès les premières poésies parlant de “sa / jumelle / énigme”. Une part manquante, dérobée, se dessine à l’horizon de nombre de textes ici car elle est souvent associée à la distance d’avec la femme aimée. Quel rôle assignez-vous à l’énigme dans le poème ? 


C’est drôle parce que Isabelle Cambourakis m’a souvent orientée vers moins d’implicite dans les textes de mon premier livre. Avec la poésie j’ai l’impression que l’énigme n’est plus un problème (ou alors c’est que j’ai bien intégré que mon écriture devait être plus explicite !), en cela la forme poétique offre une grande liberté. J’écris ce qui résonne. C’est parfois le rythme, les sonorités, la brièveté, l’essoufflement… qui feront sens ou qui seront intelligibles pour les lecteurices, même si le texte reste cryptique. Un peu de la même manière que les chansons en anglais dont on ne comprend pas forcément les paroles mais qu’on adore parce qu’on y projette ce qu’on veut. On en revient là à l’élan du karaoké.

 



Enfin ma dernière question voudrait porter sur la sororité d’écriture que vous déployez. On a pu déjà évoquer Elitza Gueorguieva, convoquer Renée Vivien, rappeler votre travail à partir de Monique Wittig. Quelles sont les autres autrices contemporaines ou non qui ont innervé votre travail ? Avec quelles autrices vous verriez-vous accomplir un karaoké littéraire sur “Désenchantée” de Mylène Farmer ? 


Mon écriture est évidemment très influencée par mes lectures et laisse entrevoir beaucoup de références. Outre celles déjà évoquées dans ces lignes, on peut ajouter Djuna Barnes par exemple, le poèmes le conseil de la nuit tire son titre d’un jeu de mot avec la traduction du nom de ma compagne, comme Le bois de la nuit vient du nom de celle qui inspira Djuna Barnes (Nightwood qui évoque sa relation avec Thelma Wood). dans la maison rêvée reprend littéralement le titre du livre de Carmen Maria Machado et dans ce qu’il raconte, le poème nous rappelle la mort de Sylvia Plath. Le mot colza qui apparaît deux fois dans dépaysanne est un clin d’œil à Al Baylac et son Colza. Il y a d’autres références qui sont musicales et visuelles aussi.

Dog’s Dinner Party dans Petite nature racontait un dîner idéal où seraient conviés les chiens de Gertrude Stein, Donna Haraway, Pierre Huygue, Elizabeth Barret Browning et  Eileen Myles.

Pour un karaoké idéal, il faut douze personnes donc,  je dirais : pour la présence de leur voix Audre Lorde, Kae Tempest et Colette. Pour la finesse de leur diction Sofia Karampali Farhat et Océan Vuong. Pour les voir s’amuser Nathalie Sarraute, Constance Debré et Radcliff Hall. Et pour le fun Jill Johnston, Phœbe Hadjimarkos Clarke, Kev Lambert et Stéphanie Vovor. 





Stéphanie Garzanti, Poèmes Karaoké, préface d’Elitza Gueorguieva, Cambourakis, avril 2025, 96 pages, 16 euros

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