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Rachid Benzine : Livres et photos (L’homme qui lisait des livres)

  • Photo du rédacteur: Christiane Chaulet Achour
    Christiane Chaulet Achour
  • il y a 4 jours
  • 12 min de lecture

Rachid Benzine (c) Astrid di Crollalanza/Julliard
Rachid Benzine (c) Astrid di Crollalanza/Julliard


« Être au seuil de la réalité »



Comment parler de la Palestine sans tomber sous l’accusation d’antisémitisme ? Comment évoquer Gaza sans donner la priorité du malheur à Israël ? Dans Collateral, j’ai publié, en mars 2024, « Suzanne El Kenz : Une vie d’exils : la Palestine ineffaçable (De glace et de feu) », puis en avril 2025, un ensemble de textes, «  Gaza à hauteur d’art, Gaza à hauteur d’homme ». Avec L’Homme qui lisait des livres de Rachid Benzine, j’y reviens. Comment ne pas y revenir en ces temps d’effacement de la « bande » de Gaza ? 


La quatrième de couverture prévient : ce livre est une « fable inoubliable ». C’est-à-dire ? Une définition parmi d’autres peut introduire à l’ambiance créée dans ce livre : « la fable est un court récit qui vise à illustrer de façon plaisante une leçon de vie. Elle se caractérise souvent par un récit fictif de composition naïve et allégorique. Une morale est exprimée à la fin ou au début de la fable. Celle-ci est parfois implicite, le lecteur doit la dégager lui-même ». « De façon plaisante », peut-être si on pense à la fluidité de la narration et à des formules qui font mouche tout au long du récit. Mais, pas du tout, si on s’en tient à la thématique traitée et au contexte. Le reste de la citation n’est pas inintéressante pour caractériser ce livre. 


Sa composition est simple : un jeune photographe français, Julien Desmanges déambule dans les rues de Gaza à la recherche de la photo qui conviendra à son magazine qui l’a envoyé en reportage. Il tombe sur un homme en train de lire, au seuil de son échoppe, faite de bric et de broc mais surtout pleine de livres. Cette photo à faire l’enchante mais l’homme l’arrête d’un sourire : photographier un être sans connaître son histoire est un geste dérisoire. Il l’invite à écouter le récit de sa vie : au terme du récit, il acceptera d’être photographié.

Le récit est composé de 12 chapitres qui ont tous un titre-guide. Le chapitre 1, « La Rencontre »  enclenche le récit de Nabil Al Jaber qui se déploie en dix chapitres qui portent tous le titre d’un livre et le nom d’un lieu :

2- La terre nous est étroite - Bilad el-Cheikh

3 - La Légende des siècles - Aqabat Jabr - 

4 - Hamlet - Jabaliya

5 - Si c’est un homme - Jabaliya

6 - Le Livre de Job - Jabaliya

7 - L’Incendie - Le Caire

8 - La Maison du retour - Gaza

9 - Un captif amoureux - Gaza

10 - Chronique du figuier barbare - Gaza

11 - Cent ans de solitude - Israël - Prison


Les deux derniers chapitres achèvent l’histoire. On passe ainsi de Mahmoud Darwich à Victor Hugo, puis Shakespeare. C’est ensuite Primo Levi, la Bible, Mohammed Dib, Mourid al-Barghouti, Jean Genet, Sahar Khalifa pour finir avec Agostino Garcia Marquez. L’ordre de citation des écrivains est celui du vécu de Nabil : il n’y a ni logique chronologique, ni logique thématique : ce sont les livres qui, à un moment de sa vie, ont été des phares dans sa nuit. Comme dans sa librairie, ce sont des affinités qui rapprochent les écrivains.


Le récit de Nabil introduit une temporalité. Car lorsqu’on lit le premier chapitre on ne sait pas à quelle date on se situe. On se doute que ce n’est pas tout récent puisqu’aucun journaliste ne peut aller à Gaza depuis fin 2023 mais l’évocation de la ville laisse dans l’incertitude tant la description renvoie aux images qui sont diffusées à la télé. Dès la première page, les « frappes» sont expliquées selon ce qu’affirme Israël sans que la source de l’information soit donnée : « Des familles entières disparaissent parce qu’elles habitent, sans le savoir ou en toute conscience, à proximité d’un bureau clandestin. Les frappes chirurgicales relèvent souvent de l’erreur médicale ». Cherchant la photo « loin du sensationnalisme », le photographe passe d’un quartier un peu préservé à « l’enfer » « des quartiers martyrisés ». La description est alors accablante : « Les entrailles de béton pendent, tordues, répandues sur les trottoirs. Les maisons ne sont plus que cages thoraciques fracassées. Comme si elles avaient implosé en mille morceaux ».

Plus loin : « Et pourtant on continue de vivre. Un théâtre de misère et de folie, un bal grotesque où les vivants ne sont plus tout à fait vivants, mais pas encore tout à fait morts. Ils se traînent dans les rues comme des fantômes ».

Dans le chapitre suivant, on n’échappe pas au cliché attendu et déculpabilisant : « En chemin, tu te retrouves au milieu d’une manifestation du Hamas. Tous les rideaux sont baissés et le cortège avance, sous les cris des soldats. Le visage sous des cagoules. Ce sont des images attendues par la rédaction, alors posté à l’angle d’une ruelle, tu captures des images en rafale et tu les enverras tout à l’heure à Paris. Elles viendront légender un article sur la situation au Proche-Orient, loin, bien loin du quotidien. Seuls existent ceux qui hurlent, ceux qui menacent, ceux qui tuent. Une image rassurante pour la bonne conscience de l’Occident ». Dans la suite du récit et pour les années proches de la destruction actuelle, les forces d’agression contre les habitants de Gaza ne sont pas nommées.


En continuant sa déambulation, le photographe découvre « sa » photo : « Il y a tout dans cette scène. Tout ce que Gaza est devenue. Un vieux libraire accroché encore à ses bouquins, qui lit à deux pas des ruines. Comme si les mots pouvaient le sauver du bruit, de la souffrance, de la mort lente de la ville. Et tu te dis que c’est ça, la vraie image. Pas besoin de chercher plus loin. Elle est là, sous tes yeux ».

Le dialogue s’engage et le contrat se formule. Le libraire lui offre deux livres : La Condition humaine de Malraux, un miroir de l’Histoire des Palestiniens et un livre de poèmes de Mahmoud Darwich qui donne son titre au chapitre suivant, « La terre nous est étroite ». Il l’invite à lire et à revenir le lendemain. La lecture est, en quelque sorte, un visa pour la photographie. Nabil cite quelques vers du grand poète palestinien et lui dit : « Vous verrez bien dans quel camp vous vous situez ». Du roman de Malraux, il est dit très peu de choses.


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La conversation s’engage ou plutôt le monologue de Nabil adressé à son hôte. On apprend qu’il a perfectionné son français par les livres en particulier durant ses années de prison en Israël. La prison comme lieu de formation ? Peut-être en aura-t-on une vision plus détaillée dans le chapitre où Nabil a passé vingt ans de sa vie ?


C’est en fonction des livres mais aussi des lieux : les différents camps où la famille a atterri après son expulsion brutale de son village par une branche de la Haganah, en une description qui ne fait pas de concession à la brutalité et la violence. La « raison » en est avancée : « Pour venger des Juifs tués par des Arabes à la raffinerie de pétrole, paraît-il ». Ce « paraît-il » introduit le doute mais la suite de la citation brouille les cartes des responsabilités : « Des Arabes qui eux-mêmes avaient été victimes de Juifs de l’Irgoun. Cette terre est une litanie de représailles sur représailles, de haines empilées, de tristesse recouverte de tristesse ». 

Comme le fait le libraire dans ce récit qui tend un livre à chaque interlocuteur de passage, on peut, à notre tour, conseiller de lire un récit israélien de 1949, très célèbre, de S.Yizhar (nom d’écrivain de Yizhar Smilansky -1916-2006), traduit en français en 2010, Hirbat-Hiza, qui raconte cette expulsion de Palestiniens de leur village par un homme qui a participé à cette opération. On peut rappeler que, né à Rehovot en Israël dans une famille d'émigrants russes membres de l'intelligentsia sioniste, il  a été combattant pendant la guerre d'indépendance en 1948 ; il est entré en politique aux côtés de David Ben Gourion et occupe pendant dix-sept années un siège à la Knesset. Il a retracé « le moment fatidique de l’expulsion emblématique des Palestiniens. Il donne son point de vue sur la Nakba palestinienne à travers le regard d’un narrateur/personnage anonyme qui n’est autre que lui-même, un personnage stoïcien, lucide sur la situation qui, bien que participant lui-même à l’effort collectif, émet des réserves sur la légitimité de ce qu’ils font aux Arabes : " Mes entrailles hurlaient. Colons, criaient-elles. Mensonges, criaient mes entrailles. Hirbat-Hiza ne nous appartient pas". »


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Après deux mois passés à Nazareth, la famille atterrit dans le camp d’Aqabat Jabr. Intervient alors la mention de Victor Hugo et ce simple vers de La Légende  des siècles : « C’est un funeste siècle et c’est un dur pays ». C’est la proclamation de la création d’Israël le 14 mai 1948 par Ben Gourion. Nabil grandira dans ce camp jusqu’à l’âge de 18 ans et côtoie les deux religions qui sont celles de ses parents : la chrétienne et la musulmane. Il est vrai qu’il y avait une cohabitation mais n’oublions pas que Rachid Benzine est aussi une figure connue du dialogue islamo-chrétien. 

La famille quitte le camp pour celui de Jabaliya, lieu de trois chapitres. On lira avec intérêt les étapes de sa vie et, en particulier, la découverte du théâtre dans ce second camp et conjointement la rencontre avec celle qui devient sa femme, Hiam. C’est un écrivain français qui leur fait jouer Hamlet avec distribution des rôles et une citation de la pièce comme miroir de leur situation. Rappel de la guerre des six jours, échec des armées arabes, stratégie des forces israéliennes, les grands-parents « avalés » par la chenille d’un char, la mort par balle de son frère Moussa : « Primo Levi m’a probablement sauvé la vie ». 

Le troisième chapitre à Jabaliya montre le libraire et le photographe marchant dans Gaza et le récit de vie reprend. Sœur Mathilde lui fait lire « Le Livre de Job » : il faut se soumettre à Dieu même si on ne comprend pas pourquoi il impose tant de malheurs. Job, « c’était un reflet de ma propre vie, de la douleur interminable de notre condition, de l’indigence sans fin, d’être jeté là sans raison, avec la désolation comme seule compagne. Il ne comprenait pas pourquoi Dieu le laissait pourrir dans la poussière. Et moi non plus, je ne comprenais pas ce qu’on foutait là, à souffrir. Et à souffrir encore. Notre malédiction. Injuste ». Ce livre de la Bible devient un manuel de résilience face à l’occupant. 

Dans ce chapitre, Nabil cite aussi L’Iliade et l’Odyssée et, plus surprenant après Le Livre de Job, Les Damnés de la terre de Frantz Fanon, sans pour autant que ce titre apparaisse à l’initiale du chapitre. Et, pour une fois il y a un commentaire fourni : « Ce texte puissant centré sur la décolonisation, a été mon guide. Fanon y décrit la lutte des peuples opprimés pour leur dignité. Ce livre m’a ouvert à l’idée que la révolte est non seulement nécessaire, mais légitime. J’en suis ressorti comme s’il m’avait confié une mission, confié un enseignement. Et comme s’il avait placé sa confiance en moi pour la transmettre ».


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Au septième chapitre, on quitte la Palestine pour retrouver Nabil et ses amis au Caire où ils ont été admis à l’université et où ils participent aux débats sur les moyens de la lutte. C’est là que, « tout en haut de notre panthéon », ils placent L’Incendie de Mohammed Dib dont Nabil donne un résumé. On peut noter que ce roman, publié l’été 1954, mettait en scène une grève de paysans dans l’Algérie colonisée, prémonitoire du soulèvement contre le colonialisme français, le 1er novembre 1954. 


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Le huitième chapitre est celui du retour à Gaza où la famille s’est installée toujours dans la précarité. Nabil s’attarde vraiment cette fois sur son professeur vénéré, exilé en Egypte, Mourid al-Barghouti dont il récite entièrement un long poème, « La maison du retour »… :


« Depuis longtemps,

Je crois que la mort a fait de nous son peuple »


Par Abutamim — Travail personnel, CC BY 3.0, 
Par Abutamim — Travail personnel, CC BY 3.0, 
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Son fils qui naît en 1976 porte le prénom de Mourid. La déambulation de Nabil et de Julien continue et le photographe insère ses impressions dans cette ville saccagée : « Quel est le crime de Gaza ? Ici, la pluie ne purifie pas. Elle souille davantage. Elle noie les ruelles dans une boue épaisse, impitoyable, et efface les pas, dissout les traces des vivants et des morts. Elle s’insinue dans les fissures des murs et des cœurs, glaçant la maigre chaleur qui s’y accroche. Chaque larme tombée du ciel semble porter le poids d’une tristesse trop lourde pour ce monde. Et pourtant, malgré tout, cette pluie laisse parfois échapper une beauté scandaleuse, là où elle s’attarde sur une vitre fêlée. Dans ces éclats fugaces, Gaza ressemble à un bijou brisé, éclaboussé de misère et de lumière. Comme si Dieu lui-même, pris d’un étrange remords, tentait d’offrir une dernière splendeur avant l’obscurité ».


Le neuvième chapitre, sous le signe de Jean Genet, Un captif amoureux, se situe à Gaza où les amis, rentrés diplômés du Caire, exercent leur métier et continuent à faire du théâtre. A nouveau Shakespeare apparait avec Le Songe d’une nuit d’été ainsi que les noms de Brecht, Ionesco et, dans les années 90, la pièce jouée de Wole Soyinka. Le souvenir de Hiam est fortement présent. Le chapitre se clôt sur une citation de Genet : « Nous ne sommes que les miroirs brisés de ceux qui nous ont faits ». Rien vraiment de ce reportage de l’écrivain français, en dehors du sens que Nabil donne à ce titre. Le but de ce journalisme gonzo, ou journalisme ultra-subjectif est d’analyser le parcours d’un journaliste et non d’analyser l’actualité. Genet a fait trois séjours en Palestine et écrit ce reportage de journalisme d’immersion.


Le dixième chapitre a pour titre « Chronique du figuier barbare - Gaza ». Nabil raconte la détérioration de la situation à Gaza, la première Intifada en décembre 1987. Puis la seconde dans laquelle son fils de 11 ans est tué d’un tir d’un soldat de Tashal. Fou de douleur, Nabil est descendu dans la rue le 3ème jour et a été arrêté, prenant une peine de vingt ans. Il ne dit rien de son incarcération en Israël. Il tend simplement à Julien le roman de la romancière palestinienne Sahar Khalifa (1941), Chronique du figuier barbare et liste sa boulimie de lecture en prison. Il délègue à la romancière, en quelque sorte, le récit de l’occupation israélienne en Palestine et les formes de résistance des habitants. Mais, encore une fois ne disant rien de ce roman, le lecteur reste un peu sur sa faim. Ce roman, Al-Subbâr, a été édité à Jérusalem en 1976, et traduit en français en 1978 (par Amina Rashed, J.E. Bencheikh et Cathérine Lévy) et publié chez Gallimard, Chronique du figuier barbare


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Le Bulletin Gallimard (mai-juin-juil.1978) le présentait ainsi : «Voici le récit d'une romancière arabe, écrit en Palestine occupée, publié en arabe par un éditeur israélien, à Jérusalem. Sahar Khalifa décrit la vie quotidienne de ces Arabes des territoires occupés par Israël, ces silencieux du malheur que tout le monde essaie d'utiliser à ses fins. Ce ne sont pas des héros, ni des militants. Ils sont occupés, torturés, bafoués, injuriés, méprisés. Et un jour ils meurent. C'est tout. Ils ont eu le temps, auparavant, de prendre dans leurs bras une petite fille israélienne dont le père, officier de l'armée d'occupation, vient d'être abattu par un résistant. Eux ne résistent pas, ils vont travailler dans les usines d'Israël pour survivre».


Le roman se passe à Naplouse : Oussama Al Karmi rentre dans sa ville avec un groupe de Palestiniens dont certains s’humilient face aux Israéliens et d’autres sont prêts à résister. Il retrouve son cousin, Adel, qui semble accepter l’état des choses et travaille à Tel Aviv pour faire vivre la famille. Les deux cousins s‘affrontent, l’un prêchant la résistance à tout prix et l’autre la survie qu’Oussama nomme lâcheté. Plusieurs jeunes sont arrêtés lors d’une manifestation. Sahar Khalifa s’arrête assez longuement sur les conditions d’incarcération dans la cellule 23. Il y a aussi une scène d’attentat : Oussama a tué un officier israélien au marché. Aidé, il se sauve par la montagne. La maison des Al-Karmi est détruite par les Israéliens. Le devenir d’Adel reste en suspens. En ne donnant que les grandes lignes du roman, on comprend pourquoi il est offert par Nabil à Julien puisqu’il raconte ce que, lui, tait.

Le onzième chapitre a pour titre, « Cent ans de solitude -Israël-Prison ». Ici également, c’est le titre qui fait sens pour la situation des Palestiniens que Nabil raconte et non le contenu de l’œuvre. Ses parents meurent en 2002 alors qu’il est en prison et c’est son ami Hafez qui s’est occupé d’eux.  On apprend dans le douzième chapitre que Nabil est sorti de prison en 2006 et qu’il lui a fallu trois années pour apprendre à revivre avec les siens : « Gaza avait beaucoup changé. L’Autorité palestinienne avait été balayée par le Hamas. Et le gouvernement israélien avait décidé un blocus. Nous étions exsangues, assiégés comme les Troyens. Nous vivions sous la menace. Aux roquettes répondaient les raids aériens, aux tunnels les bombardements. Nous étions les otages de ce combat sans fin ».


Il autorise Julien à prendre la photo et on apprend enfin la date de cette rencontre et du récit : 2014. On lira la fin du récit pris en charge par Julien qui affirme être parmi les journalistes qui sont entrés à Gaza en février 2025 et qui ont vu l’effacement et la destruction. Rachid Benzine affirme : « La résistance par la littérature préserve ce que les bombes veulent effacer : la mémoire. Quand Nabil lit, il maintient vivante toute une tradition, tout un patrimoine que la guerre voudrait réduire en cendres. Chaque livre sauvé est une victoire contre l'effacement culturel ». Face à l’impuissance que l’on peut ressentir profondément pour Gaza et ses habitants, l’invitation à lire est au moins une incitation à connaître des œuvres qui ne font pas partie des références en Occident.


Deux citations pour finir cette lecture d’un récit à lire comme élan vers cette terre de Palestine. L’une de Mahmoud Darwich : « Et quand tu te libères..., penses aux autres. Ceux qui ont perdu leur droit à la parole. Et en pensant aux autres, lointains, penses à toi-même et dis "et si j'étais une bougie dans le noir" ». 

L’autre d’Elias Sanbar dans son dialogue avec Gilles Deleuze en 1982 : « « Nous sommes également les Peaux-Rouges des colons juifs en Palestine. A leurs yeux notre seul et unique rôle consistait à disparaître. En cela il est certain que l’histoire de l’établissement d’Israël est une reprise du processus qui a donné naissance aux États-Unis d’Amérique.

Il y a probablement là un des éléments essentiels pour comprendre leur solidarité réciproque. Il y a là également les éléments qui font que nous n’avions pas durant la période du Mandat à faire à une colonisation habituelle « classique », la cohabitation des colons et des colonisés ».


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Rachid Benzine, L’Homme qui lisait des livres, Julliard, 2025, 128 pages, 18 euros

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